En haut à gauche, deux tours de lac aux montées casse-pattes ; au milieu, un parcours vallonné parsemé d’attraits tant curieux que gustatifs ; en bas, un relief estampillé familial ayant le fleuve comme fil conducteur. Lanaudière a tous les atouts pour plaire aux cyclistes, quelle que soit la grosseur de leurs mollets.
La sportivo-curieuse
À peine descendue la côte abrupte vers l’auberge La Montagne Coupée (il va falloir la remonter au retour, celle-là…), une rapide visite à l’abbaye Val Notre-Dame met dans l’ambiance du parcours du jour : quiétude des routes et multiples curiosités à découvrir. En fait, une fois quittées les étroites routes entourées de champs vallonnés qui environnent l’abbaye, le trio cycliste que nous formons roulera quelques kilomètres sur la route 131, plus fréquentée. Le jeu en vaut la chandelle puisque nous allons à Saint-Jean-de-Matha rendre visite à l’homme fort du coin : le dénommé Louis Cyr, puisqu’il s’agit de lui, a vécu dans la petite ville et y a fini ses jours. Un musée fait le tour du personnage. Ne vous privez pas de lever les haltères, histoire de vérifier si vos bras sont aussi forts que vos mollets de cycliste.
Un bout de rang Saint-Pierre vous fera quitter Saint-Jean-de-Matha, puis cap à tribord sur le chemin de la Rivière-Blanche. Relaxez sur cette route tranquille et vallonnée qui mène a Sainte-Émélie-de-l’Énergie. Quand vous passez au rang de la Feuille-d’Érable, quelques montées sèches vous rappellent que Lanaudière fait partie de la chaîne de montagnes des Laurentides. Au 20e km, nous sommes au point le plus haut de notre parcours, à 360 m d’altitude. Plaisir de la descente jusqu’à Sainte-Émélie-de-l’Énergie. Il faut faire une pause à l’auberge La P’tite Verte pour reprendre des forces.
À la fois bistro, lieu de rencontre, espace spectacle, auberge de jeunesse, restaurant où déguster les bières des brasseries locales, la P’tite Verte est un endroit où on se sent tout de suite bien. Elle peut tout à fait être une étape de votre périple vélo.
En sortant de Sainte-Émélie, ne vous privez pas d’éviter la route 131 en bifurquant très rapidement à droite sur la rue Desrosiers qui devient le rang de la Seigneurie, puis à gauche sur le chemin de la Ligne-Saint-Joseph. Un court passage sur la route 347 vous permettra de rejoindre le chemin du Lac-Corbeau, où vous attend le Grand Prix de la montagne du parcours, une belle montée progressive, tout en courbes et d’une longueur dépassant légèrement le kilomètre, qui se poursuit en une descente tout aussi grisante. Dommage, on en aurait pris plus.
Le soleil plombe à l’arrivée à Saint-Damien. Parfait, c’est l’heure de pique-niquer en s’arrêtant à l’atelier-boutique de poterie L’Arbre et la Rivière. Matthieu Huck est en train de placer délicatement ses œuvres dans le four à bois extérieur. Un travail d’équilibriste où chaque pièce a sa place dans le ventre de la bête.
Potier depuis une douzaine d’années, Matthieu s’intéresse particulièrement à l’esthétique asiatique et à l’art du thé. Pendant trois semaines, il va tourner, puis tourner encore, préparant ses pièces uniques afin de nourrir le four qu’il a fabriqué de ses propres mains. Viendra le temps de le chauffer, au bois, morceau par morceau. La température atteindra 1300 °C, et la cuisson durera de 15 à 20 heures. Pendant ce temps, l’artisan bichonnera son four, se demandant comment ses œuvres réagissent à la chaleur intense. Il n’aura pas la réponse tout de suite, devant attendre trois jours avant de défourner et enfin voir le résultat de son travail : « Le potier doit apprendre à se laisser aller, explique le maître céramiste, il doit toujours améliorer son expérience en restant humble. »
Nous continuons sur le chemin des Cascades. Avouons qu’il porte fort bien son nom. À vélo, on s’imagine bien le dévaler comme une rivière. Contrairement à la cascade, il faut cependant monter pour mieux redescendre. Le parcours est agréable et peu fréquenté. Nous avons à peine le temps de reprendre une cadence régulière qu’un autre arrêt s’impose : ça cancane du côté de la ferme Maurel-Coulombe, à Saint-Jean-de-Matha (juste les femelles : les mâles sont muets). Les canards mulards ont la chance de vivre trois mois en plein air avant de se transformer en foie gras et autres produits. Un sentier d’interprétation permet d’en apprendre davantage sur l’élevage traditionnel de canard.
Retour à l’auberge La Montagne coupée. Y séjourner se mérite : il faut grimper la côte abrupte d’un gros kilomètre comportant quelques bouts à 9 %.
Le tour des lacs version relances incessantes
Rendez-vous est donné à quelques membres du véloclub San Donato. Nous roulerons chez eux une sorte de parcours en huit faisant le tour de deux lacs, au départ de Saint-Donat. Dans le stationnement à côté de l’église, les membres du club ont répondu pas mal présents, formant un copieux peloton prêt à en découdre.
En vue de nous mettre en jambes, nous débutons par le lac Archambault. Un court passage sur la route 125, puis nous bifurquons sur le chemin Régimbald. C’est là que le fun commence : route pas trop large, beau bitume, des courbes modestes et une succession de montées et de descentes, la plupart du temps à l’abri du soleil, tout ça en bord de lac. Quelques montées casse-pattes, des descentes pour nous remettre, bref, un terrain parfait pour un entraînement d’une trentaine de kilomètres et 540 m de dénivelé positif. Les kilomètres en question se font le temps de le dire, puis la gang se retrouve sur le bord du lac en ville.
Deuxième départ, pour le tour du lac Ouareau cette fois, avec un début moins agréable sur la route 125, certes large mais plutôt fréquentée. Autant faire ce bout rapidement le nez dans le guidon et virer à gauche sur le chemin Saint-Guillaume. Encore une fois un lisse bitume, des courbes relaxes. Le genre de parcours qui incite à prendre de la vitesse dans les descentes pour mieux remonter de l’autre bord. Au total, un chouette 46 km et ses 360 m de dénivelé positif.
Comme toute sortie qui se termine bien, une bonne partie des membres du véloclub San Donato se retrouve sur la rue principale autour d’une grande table en terrasse. C’est l’occasion de parler des prochaines sorties, de rêver à quelques projets cyclistes. Une chose est sûre, le vélo et Saint-Donat font bon ménage !
Les méandres du fleuve
Quand on habite Montréal, le circuit cyclable du bateau passeur est sans aucun doute le meilleur moyen de goûter au Saint-Laurent sans faire des centaines de kilomètres. Il suffit de se rendre à Berthierville, de se stationner à la chapelle des Cuthbert. Le fleuve n’est pas loin. En prenant la route 158, on emprunte un premier pont qui conduit à l’île aux Castors, puis un deuxième à l’île Dupas, et enfin un troisième à l’île Saint-Ignace. Il faut dire qu’ici le Saint-Laurent s’apprête à prendre ses aises. Il se sépare en plusieurs bras avant de prendre toute la place et former le lac Saint-Pierre.
La route se transforme en rang Saint-Michel, qui avoisine le grand fleuve. Avec de la chance, quelques gros navires croiseront votre périple. Ça vaut le coup d’aller jusqu’à la pourvoirie du lac Saint-Pierre. Le rang est désert, et rares sont les occasions de rouler si près du fleuve. En revenant sur ses pas, on emprunte les rangs Sainte-Marie puis Saint-Isidore, ce dernier longeant un bras du Saint-Laurent.
En continuant sur les îles, on a la possibilité de pédaler jusqu’au bout du rang de l’Île-Dupas, où on embarque sur le bateau passeur pour rejoindre le continent. De là, on continue sur le parcours qui emprunte des routes de campagne dans la plaine du Saint-Laurent. Ne serait-ce du vent tenace, pas un poil de relief ne vient ralentir les ardeurs. Dans les champs, le maïs et la tourbe ont remplacé le tabac. Le rang du Nord-de-la-Rivière-du-Chicot (il fallait l’écrire, celui-là !) permet de contourner le vent et de rejoindre Berthierville et la chapelle des Cuthbert. Mine de rien, le parcours de 80 km se fait facilement dans une journée tout en douceur.
La région de Lanaudière cache bien son jeu. En quelques jours, il est facile de se programmer des parcours colorés de diversité. En quatre jours, nous avons eu droit à un menu sportif, bucolique, savoureux et familial. Le fleuve nous a ouvert les bras, les routes de campagne nous ont fait trimer dur, et les multiples rencontres furent enrichissantes. Toutes choses qui ne donnent que le goût de revenir.
Repères
Saint-Jean-de-Matha
Hébergement et gastronomie : La Montagne Coupée, un lieu où il fait bon vivre. La jeune chef Karine Lachaine fait la part belle à une cuisine traditionnelle, portant un soin particulier au choix des produits, locaux de préférence.
montagnecoupee.com
Pour le foie gras et son histoire : domainemaurelcoulombe.com
Saint-Donat
La boulangerie Saint-Donat : mention spéciale décernée au carré aux dattes.
La cyclosportive Saint- Donat–Le Nordet le 14 juin. Au choix, deux parcours (40 et 80 km) sur le fameux chemin du Nordet, qui a le mérite d’allier qualité du bitume, beaux paysages et relief intéressant.
cyclostdonat.com
Berthierville
Histoire et point de départ : chapelledescuthbert.com
Info sur le parcours : ville.berthierville.qc.ca
Aux 4 sommets
S’il y en a un qui respire vélo dans Lanaudière, c’est bien Louis-Yves LeBeau. Le propriétaire du centre d’activités sportives en plein air Aux 4 sommets situé à Saint-Alphonse-Rodriguez ne cesse d’organiser des manifestations sportives reliées à la chose vélocipédique. Le Grand Prix cycliste de Lanaudière, c’est lui ; il a aussi à son palmarès les Championnats québécois élite sur route, la Course des Gaulois, un triathlon, un cyclocross, alouette… sans oublier quelques rendez-vous hivernaux.
Il faut dire que son centre est fort bien placé pour des beaux parcours de route autour de Saint-Alphonse. Côté sentiers, le bruit court que certains dimanches matin, les amateurs de pneu à crampons se donnent rendez-vous en vue d’explorer les sentiers locaux, non officiels mais fort appréciés. L’autre option est d’emprunter les sentiers tracés Aux 4 sommets : le relief y est soit accidenté, soit roulant, soit pentu, le tout plutôt accessible et ludique. Mon coup de cœur va au R3, qui passe dans un joli secteur de fougères.
aux4sommets.com