Chaleureuse malgré sa météo parfois capricieuse, colorée, accueillante et résolument verte, la capitale du Danemark tend vers la perfection en ce qui a trait au souci de l’environnement, du bien-être, de l’efficacité et de l’avant-garde. Impossible de prétendre être réellement allé à sa rencontre sans s’y être baladé à vélo.
Voilà plusieurs années que Copenhague dispute à Amsterdam le titre de capitale mondiale du vélo. Il est vrai qu’avec ses 454 km de pistes cyclables, ses feux de circulation synchronisés à la circulation à vélo aux heures de pointe (des vagues vertes permettant aux cyclistes de circuler sans s’arrêter, à une vitesse moyenne de 20 km/h), Copenhague a de quoi séduire les cyclistes du monde entier.
À Copenhague, la vie se déroule à vélo, affirment fièrement les représentants de l’office de tourisme de la ville, ajoutant qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse beau, c’est sur deux roues que les Copenhaguois font leurs courses et se rendent au travail, à la garderie, à l’école. Même les chics politiciens vont travailler au parlement à vélo. Des pistes cyclables sont présentes dans la majorité des rues de Copenhague. Grâce aux highways, en une trentaine de minutes top chrono, les résidents ont le loisir d’atteindre à vélo les pointes de la ville, du nord au sud et de l’est à l’ouest.
Véritable beauté architecturale, le pont Cykelslangen, signifiant « serpent vélo », est une piste cyclable surélevée de 235 m ondulant au-dessus du port et reliant le quartier de Vesterbro à celui d’Islands Brygge. D’autres ponts, également réservés aux cyclistes et aux piétons, ont vu ou s’apprêtent à voir le jour à travers la ville. C’est le cas du Kyssebroen, le « pont des baisers », et du Cirkelbroen, le « pont des cercles ».
Au centre-ville de Copenhague, on trouve désormais davantage de vélos que de voitures. En fait, 52 % des habitants s’y déplacent à vélo alors qu’un maigre 29 % des ménages affirment posséder une voiture. La ville peut même se vanter de compter plus de bicyclettes que d’habitants.
Élue première Bike City officielle au monde par l’Union cycliste internationale (UCI) de 2008 à 2011, Copenhague sert aujourd’hui d’inspiration à d’autres grandes villes du monde. L’architecte et urbaniste danois Jan Gehl est reconnu internationalement pour son enseignement de la culture urbaine. Par ses judicieux conseils, il a aidé à copenhaguiser des villes telles que New York, ou encore Melbourne, en Australie, et Christchurch, en Nouvelle-Zélande.
Les efforts de Copenhague afin de créer une ville cyclable ont porté leurs fruits : en 20 ans, la circulation à vélo a augmenté de 68 % dans le centre de la ville. Et il semble qu’on ne soit pas prêt à s’arrêter là : l’aménagement de pistes cyclables et d’espaces verts se poursuit.
En 1995, Copenhague a été une des premières villes au monde à proposer un programme de vélos en libre-service à ses habitants et visiteurs. En 2013, la première génération de Bycyklen (« city bikes ») a laissé sa place à une nouvelle famille de vélos de ville électriques. Premiers vélos électriques intelligents en libre-service de la planète, les Bycyklen sont dotés de moteurs électriques quatre vitesses et d’écrans tactiles intégrant un GPS (offrant une foule d’informations touristiques). Aujourd’hui, 1800 de ces vélos munis d’un système de paiement par carte bancaire à même
l’écran sont mis à la disposition des cyclistes.
Développé par la Danish Cyclists’ Federation, le guide Cyclistic se veut quant à lui un outil fort pratique à l’usage des cyclistes parcourant le Danemark. Routes, itinéraires, points d’intérêt, hôtels, monuments, restaurants : tout y est rassemblé afin de planifier les déplacements à vélo à travers le pays.
Pédaler Copenhague avec Bike Mike
La bike mike experience s’est avérée légèrement différente des autres balades urbaines auxquelles j’ai pris part ailleurs dans le monde. Simplement parce que Mike, notre guide copenhaguois, est un personnage en soi : un être sympathique et bouffon qui a beaucoup d’histoires à raconter, un guide joyeux et amoureux de sa ville qu’il revendique comme imparfaite et merveilleuse, qui n’hésite pas à faire un arrêt dégustation (d’alcool danois) aux abords du canal nommé Nyhavn, à se moquer gentiment de ses compatriotes danois et à relater des faits historiques fascinants. Et ce, depuis déjà une décennie.
La balade d’une durée d’un bon trois heures sur le terrain plat des rues animées de Copenhague s’est donc entamée par de premiers arrêts en face de l’église Sankt Petri (« Saint-Pierre ») – la plus vieille de la ville – et de l’Université de Copenhague, un superbe bâtiment, cadeau du Vatican, devant lequel s’entassaient quelques centaines de vélos. Mike en a profité pour revenir sur le passé du Danemark, celui du temps des Vikings souvent présenté dans les films, puis sur l’histoire de la capitale maintenant surnommée la ville des tours vertes (mettant en relief son souci de l’environnement et ses nombreux monuments flanqués de tours).
Nous avons roulé devant la statue du grand philosophe danois Søren Kierkegaard et nous sommes octroyés une pause gourmande au marché alimentaire Torvehallerne, dont la structure de verre abrite une quarantaine de kiosques (il faut goûter aux fameux sandwichs ouverts danois recouverts de saucisse, de fromage, de porc et d’avocat). Mike y a abordé l’important sujet de la gastronomie danoise, qu’on vénère à travers le monde (c’est à Copenhague que se trouvait, notamment, le célèbre Noma, établissement élu meilleur restaurant au monde).
Nous avons ensuite pédalé quelques kilomètres, histoire de découvrir à vélo les splendeurs des jardins du roi (les plus vieux jardins royaux du Danemark), jusqu’au château de Rosenborg. En route vers l’archicélèbre statue de la Petite Sirène, nous avons croisé le Designmuseum Danmark, la citadelle, le village naval et emprunté la piste cyclable traversant le parc Churchill. Arrivés au port de Copenhague, les touristes se faisaient nombreux devant la fameuse statue de bronze perchée sur son rocher. Quant à moi, les eaux parfaitement claires de ce port surnommé Copencabana (qui accueille, dans ses bains portuaires, jusqu’à 40 000 visiteurs par année), le récit des déchets de la ville transformés en énergie puis en électricité, l’information sur le développement durable et le spectacle des nombreuses éoliennes tournoyant au loin m’ont vivement impressionnée.
Nous sommes remontés sur nos vélos en vue d’aller assister à la relève de la garde sur l’élégante place du palais, là où s’élèvent les quatre bâtiments composant le palais d’Amalienborg, résidence d’hiver de la famille royale du Danemark. Puis nous avons traversé la rivière afin de nous balader dans le quartier résidentiel et fortifié de Christianshavn, dressé sur l’île du même nom.
Après avoir salué le palais de Christiansborg (autre résidence de la famille royale), le parlement danois, la Cour suprême et le musée de Slotsholmen (« île du château »), Mike a tenu à partager avec nous sa vision de l’art de vivre danois. « Les Danois ont l’habitude de faire les choses ensemble, a-t-il expliqué. Notre culture en est une du nous et c’est ce qui fait notre force. Et puis nous sommes un peuple positif : nos expressions fétiches sont “Cela pourrait être pire” et “Si tu ne peux obtenir ce que tu veux, fais du mieux que tu peux avec ce que tu as”. C’est la façon danoise de penser et de voir la vie. »
En roulant le long du fameux canal Nyhavn, tout au centre de Copenhague, jusqu’à la place publique Gråbrødretorv, j’ai eu l’impression d’effleurer cette légendaire culture danoise. Une culture verte au possible, dans laquelle on ne peut véritablement plonger qu’à deux roues.