Hommage aux créateurs de bonheur
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais chaque fois que je découvre un réseau de sentiers, j’ai toujours une petite pensée pour ces bénévoles passionnés qui ont retroussé leurs manches et sué un bon coup pour que je puisse exprimer mon bonheur à grands coups de yahous!
Si les sentiers pouvaient communiquer, ils salueraient Marie-Christine Daignault sur son passage. La cycliste de montagne les connaît, les respecte et adore en faire la promotion.
Disons-le, si le bénévolat n’existait pas, nous n’aurions pas les réseaux de sentiers de vélo de montagne que nous avons aujourd’hui au Québec. Chaque kilomètre a sans l’ombre d’un doute été minouché au moins une fois par deux bras actifs, la plupart du temps bénévoles. Afin de comprendre ce qui les anime, j’ai rencontré trois de ces personnes qui donnent de leur temps.
DU PLAISIR ET DE LA SATISFACTION
« Quelqu’un qui vient travailler dans un sentier, ça peut juste être une personne le fun. Parce que s’impliquer dans son réseau local, c’est d’abord beaucoup de plaisir », estime Mia Arsenault. Marie-Hélène Canac-Marquis renchérit : « Nous avons cette passion commune pour le vélo de montagne, et les corvées bénévoles sont une façon de la partager autrement. Ça crée un sentiment d’appartenance, de fierté et de satisfaction. » Alex Lamarre ne peut qu’approuver. Il est tombé en amour avec le sport dès son premier essai : « Je suis tout le temps dans les sentiers, à vélo, avec les jeunes du club récréatif, lors des corvées des Têtes de pioche ou avec mes outils. » Lorsque j’écoute ces trois-là me parler de leur gang, je ressens combien leur engagement est profond. Pour eux, le vélo de montagne est davantage qu’un passe-temps, c’est un mode de vie. Contribuer au développement et à la santé de leur réseau chouchou n’est pas une option, c’est nécessaire à leur bien-être.
C’EST EN PIOCHANT QU’ON DEVIENT PIOCHONS
Mia Arsenault fait du vélo de montagne depuis une dizaine d’années et très tôt, elle et son copain, Mathieu, ont commencé à s’engager dans le développement de sentiers a Saguenay. « Nous nous sommes mis à piocher dans le bois avec des amis, et nous avons décidé de nous appeler les Piochons, raconte-t-elle. Le nom est arrivé naturellement, nous trouvions ça drôle. Nous ne nous sommes jamais vraiment pris au sérieux. »
Des amis ont joint le collectif, si bien que le groupe s’est officiellement organisé pour développer des sentiers, d’abord avec Vélo Chicoutimi, puis au mont Édouard à L’Anse-SaintJean. « Nous venons tout juste d’arriver dans le coin et, déjà près de 60 Piochons gravitent autour de nous. Pour un village de 1200 habitants, réunir 25 participants lors d’une corvée pour développer un premier sentier, c’est assez capotant », se réjouit-elle.
LA FORCE DE GROUPE DE LB CYCLE
« Faire partie d’un groupe d’entretien de sentiers amène à connaître des gens passionnés de vélo et, surtout, génère un grand sentiment d’appartenance à la communauté. Il y a beaucoup de satisfaction à bâtir et entretenir les sentiers », constate Marie-Hélène Canac-Marquis. Elle a choisi de s’impliquer dès 2014 avec la gang de LB Cycle, un OBNL qui a pour mission de développer et d’entretenir le réseau de sentiers de vélo de montagne à Lac-Beauport.
Férue de vélo depuis sa tendre enfance, la bénévole peut se targuer d’être parmi les pionnières, avec ses quelque 25 ans au guidon d’un vélo de montagne. Elle a fait ses premières armes à l’époque où on roulait sur les routes de terre ou directement dans le bois. Elle peut également être fière d’avoir été une des premières femmes aussi activement engagées dans les corvées locales.
D’ailleurs, en 2022, Marie-Hélène Canac-Marquis a remporté le Rogue d’or, trophée décerné chaque saison par LB Cycle pour souligner la réalisation d’un bénévole participant à des projets honorables. C’était la première fois que le prestigieux – et convoité – prix était remis à une femme. « C’est une belle reconnaissance ! Au début, nous n’étions pas beaucoup de filles, et là, je dirais que nous représentons au moins le tiers des participants aux corvées. C’est vraiment le fun de voir cet intérêt grandissant », s’emballe la lauréate.
DONNER DU JUS DE BRAS, ÇA S’APPREND
Si le vélo de montagne est dans l’ADN de la communauté de Lac-Beauport depuis longtemps, c’est loin d’être le cas à L’Anse-Saint-Jean. Dans ce coin du Saguenay, tout est à bâtir. « La population anjeannoise n’est pas encore une communauté de vélo de montagne, mais elle va le devenir », promet Mia Arsenault.
À titre d’enseignante d’éducation physique dans la petite localité, Mia Arsenault fait une large place à son sport dans son école. « Nous avons acheté des vélos, nous faisons des sorties parascolaires et j’emmène mes élèves faire du bénévolat dans les sentiers. L’automne dernier, nous avons soufflé des feuilles et réglé des problèmes d’irrigation. Les jeunes tripent. Ils connaissent leur montagne d’hiver pour le ski, mais ils n’avaient aucune idée qu’il existait des sentiers de randonnée et de vélo. »
Pour Mia Arsenault, l’engagement dans les sentiers est tout aussi important que la pratique du sport lui-même. Alex Lamarre, entraîneur-chef du club récréatif de vélo de montagne local, considère également que les jeunes ont tout à gagner à s’engager à participer à l’entretien de leur réseau. « L’automne, au lieu de faire une sortie, nous faisons parfois du râteau dans les sentiers. Leur faire découvrir tous les efforts liés à l’entretien fait partie de nos objectifs. C’est d’ailleurs une bonne façon de les sensibiliser à l’étiquette en sentier. »
« Je trouve vraiment beau de voir des enfants contribuer aux corvées, souligne Marie-Hélène Canac-Marquis. C’est la preuve que c’est accessible à tout le monde, on n’a pas à être gêné, il y a toujours quelqu’un pour en aider un autre. Plus on s’implique, plus on apprend, et avec les années, on peut apporter son grain de sel, donner un peu de sa couleur aux sentiers et même, éventuellement, mener un projet de piste. »
DES RÉSEAUX EN DÉFICIT DE BÉNÉVOLES
Si l’engouement récent pour le vélo de montagne a mené des milliers de nouveaux adeptes dans les sentiers, le taux de participation aux corvées n’a malheureusement pas suivi la même croissance exponentielle. Donc, à vous tous qui avez manié quelques outils dans les sentiers, merci, et chapeau à chacun d’entre vous qui avez participé, qui vous êtes impliqué et qui avez investi de votre temps dans les pistes ! Aux autres : bienvenue, et au plaisir de voir de plus en plus d’aficionados s’engager dans les rangs d’un groupe de bénévoles pour offrir un peu de jus de bras ! À tous, bon été dans les sentiers !