La randonnée démarre à Lac-Mégantic, municipalité entourée de montagnes et bordée d’un magnifique plan d’eau. Pour débuter, vous devez emprunter la route 204, une route malheureusement endommagée, sans accotement asphalté et épicée de quelques montées assez pentues, et ce, sur 15 km. Si vous préférez éviter cette portion de parcours, rien ne vous empêche de prendre un taxi à Lac-Mégantic (ou l’autocar, voir Repères) et filer tout droit à Audet, une des plus hautes municipalités du Québec, perchée à 535 m d’altitude. Sur ces hauteurs, le panorama se distingue par une vue imprenable sur la chaîne des montagnes adossées à la frontière, dont quelques sommets culminent à plus de 1000 m. En quittant Audet, vous plongez dans une longue et spectaculaire descente (10% en moyenne) avec en toile de fond le mont Saint-Sébastien, une intrusion granitique remontant au dévonien, venu tout droit des entrailles de la terre il y a environ 400 millions d’années. Ce granit gris a servi à la construction de plusieurs édifices, dont l’oratoire Saint-Joseph. En bas, vous rejoignez la vallée de la Chaudière. À ce point-ci, les principales montées sont derrière vous.
Vous enjambez ensuite un pont pour rapidement tourner à droite dans le 1er Rang Nord. La route, en terre battue, se roule comme un charme. Étonnamment, au Québec, il arrive que les routes qui ne sont pas goudronnées soient en meilleur état que celles qui le sont… Cette petite route côtoie la rivière Chaudière sur une dizaine de kilomètres, et peu d’habitations s’y trouvent. La contrée se décline en champs ondulés tapissés ici et là de fleurs et de grasses prairies verdoyantes. En contrebas, les méandres langoureux de la rivière se frayent un chemin à travers les terres argileuses. Ce paysage champêtre vous accompagne jusqu’à Saint-Ludger, qui s’élève fièrement sur un coteau dominé par le clocher de l’église. Arrêtez-vous pour découvrir ce hameau figé dans le temps. Ici, dans les rues, les enfants courent ou pédalent sans retenue, comme à une autre époque.
Vous voilà de nouveau sur la route 204, où l’accotement est ici asphalté. Pas très loin, vous croisez Saint-Gédéon-de-Beauce, un autre village typique qui mérite une visite. Le parc municipal sur le bord de la rivière et l’église bleue sont à découvrir. Le presbytère est d’ailleurs remarquable. Par la suite, vous bénéficiez de charmantes vues sans entraves sur la rivière, une rareté. En effet, la plupart des rives de nos rivières et de nos lacs sont hérissées d’habitations obstruant la vue sur nos étendues d’eau. Profitez-en! À Saint-Martin, traversez le pont et virez à droite dans le 1er rang de Shenley. Vous abordez maintenant le secteur le plus agricole. Il y a très peu de trafic, et vous pouvez admirer la rivière depuis la route. Encore quelques kilomètres de ce régime agraire pour finalement, après un coude prononcé de la rivière, aboutir à Saint-Georges, haut lieu du cyclisme de compétition au Québec avec son renommé Tour de Beauce.
Saint-Georges est la principale ville de Beauce. On y trouve tous les services ainsi qu’une piste cyclable, le bien nommé Sentier des jarrets noirs, qui longe la rivière. Précisons que cette piste fait partie du réseau de la Route verte (Route verte 6). Évidemment, la promenade se poursuit sur cette dernière. À Notre-Dame-des-Pins, découvrez le plus long pont couvert de la Belle Province (155m), construit en 1929 et converti en piste cyclable. Par après, vous enchaînez sur la 6e Avenue Nord, un chemin de bitume qui, encore une fois, offre plusieurs vastes perspectives sur la sinueuse rivière. Mais pour user de ce privilège visuel, vous devez tout de même grimper quelques petites bosses. De l’autre côté de la rive, échelonné sur divers paliers, Saint-Joseph-de-Beauce trône majestueusement dans un splendide paysage tout en rondeurs.
Quelques kilomètres plus loin, à Vallée-Jonction, vous poursuivez sur la Véloroute de la Chaudière, un autre bijou qui jouxte la rivière. Celle-ci vous dirige vers Sainte-Marie, dont les premiers habitants provenaient, pour la plupart, de l’île d’Orléans et de la Côte-de-Beaupré; dans cette municipalité, il arrive régulièrement, au printemps et parfois même en été après de fortes pluies, que la rivière sorte de son lit. La piste cyclable cesse à Scott, où vous devez vous rabattre sur le circuit routier.
Pour la suite, et jusqu’à la fin du parcours, vous n’avez qu’à suivre les balises de la Route verte 6 jusqu’aux chutes. Après une enfilade de courtes montées, vous débouchez sur un plateau agricole où la culture de plantes de canola colore en jaune les champs à perte de vue. Au loin se profilent les grosses collines laurentiennes. À Breakeyville, vous retournez temporairement sur une piste cyclable en poussière de roche. Quelques jolies haltes sur la berge de la rivière jalonnent la tortueuse piste. Justement, au détour d’une courbe, de fastueuses demeures en colombages se dressent sur un promontoire. Cet héritage architectural, on le doit aux descendants de Hans Denaston Breaky qui, en 1859, érigea le premier moulin à scie juste en amont des chutes. Encore un effort et vous voilà arrivé aux célèbres chutes de la rivière Chaudière, le terminus de ce plaisant parcours beauceron.
REPÈRES
Géographie Longue de 185 km, la rivière Chaudière coule en direction nord jusqu’à son embouchure, le Saint-Laurent, à la hauteur de Lévis. Tranchant l’axe des plis appalachiens, elle reçoit de nombreux affluents parmi lesquels plusieurs rivières: Famine, Chassé, Beaurivage, Grande Coulée, bras Saint-Victor, etc. Perché à 395 m d’altitude, le lac Mégantic, sa principale source, mesure approximativement 20 km de long par 7 km de large.
Repères Pour ce trajet linéaire d’environ 180 km, comptez trois jours. Sans être très difficile, il impose quand même quelques bosses, dont les premiers kilomètres dans le secteur de Lac-Mégantic. Autocars La Chaudière (www.autocarslachaudiere.com) se rend à Lac-Mégantic, avec possibilité d’arrêt à Audet si vous voulez éviter la portion difficile du début. Le retour peut se faire en train jusqu’à la gare de Charny (www.viarail.ca).
Revêtement La qualité et le type de chaussée varient grandement. Certains secteurs, particulièrement au début, mériteraient des réparations, surtout qu’ils sont très passants. La portion de route en terre est acceptable. Pour le reste, soit la majorité du parcours, le revêtement, dans son ensemble, est en bon état. L’état des pistes cyclables est irréprochable.
Où dormir
Auberge des Moissons
512, route Kennedy, Vallée-Jonction
418 253-1447 ou www.aubergedesmoissons.com
Douillette auberge de quatre chambres dans une maison ancestrale de 180 ans située à proximité de la piste cyclable. Restauration sur place et terrasses extérieures avec vue sur la vallée de la Chaudière.
Maison Vinot, gîte et restaurant
11525, 2e Avenue, Saint-Georges
418 227-5909, 1 888 227-5909 ou www.maisonvinot.com
Élégant gîte proposant quatre chambres dans une maison construite en 1928 pour les directeurs de la Banque de Montréal. Situé dans le secteur classé patrimonial, à deux coups de pédale de la piste cyclable et certifié Bienvenue cyclistes!
Autre activité
Parc des Chutes-de-la-Chaudière
Endroit idéal pour admirer les chutes hautes de 35 m. Nombreux belvédères, aires de pique-nique, passerelle suspendue entre les deux rives, 2,2 km de sentiers pédestres et 1,5 km de pistes cyclables.