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Hors-Québec

MONTREAL – BOSTON : pas loin de la perfection

05-04-2019
green-mountain vermont touring

Les fameuses Green Mountains

Boston est devenue une de mes destinations vélo fétiches. J’ai inscrit à cinq reprises à la liste de mes voyages la distance entre Montréal et la capitale du Massachusetts, chaque fois par une approche différente. Ce périple traverse une région d’Amérique relativement peu peuplée et parmi les plus belles, parcourant le Vermont d’un bout à l’autre. C’est vrai que je ne suis pas objectif: j’ai le Vermont tatoué sur le mollet pour ses paysages, et dans le cœur pour ses gens.

Certaines choses ont par ailleurs changé depuis 15 ans, et pour le mieux. En effet, la planification des parcours et des couchers est facilitée grâce à Internet et particulièrement à Google Maps, le meilleur ami du cyclotouriste. Aussi, la piste cyclable au bord de la rivière Charles permet une entrée en douceur et surtout en sécurité jusqu’au cœur de Boston. Mais le comble du bonheur est la ville de Boston elle-même. Quel plaisir de finir une rando à vélo dans une ville qui a tant à offrir de par sa beauté architecturale, ses habitants cool et sa vie bouillonnante! Et elle se laisse facilement découvrir sur deux roues.

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montreal boston itinéraireChristian, mon fidèle partenaire depuis maintenant 25 ans, et moi quittons Montréal par l’Axe 1 de la Route verte, que nous rejoignons à la sortie du pont Jacques-Cartier par le boulevard La Fayette. La piste cyclable mène à Chambly puis, le long du canal du même nom, jusqu’à Saint-Jean-surRichelieu, et nous laissons derrière nous le brouhaha de la ville et les soucis quotidiens. Il n’est quand même pas banal de penser que durant la prochaine semaine, nos avoirs tiendront en une dizaine de kilos dans deux sacoches – et une carte de crédit –, le tout transporté à la force de nos mollets!

À la sortie de Saint-Jean-sur-Richelieu, nous enfilons la Montérégiade sur 14,5 km. Puis quelques routes de campagne, dont la montée de Versailles, le rang Houde, le rang SainteAnne et enfin le chemin Saint-Charles, nous portent jusqu’à Mystic. Ce hameau, qui abrite L’Œuf, auberge et magasin général bien connu des cyclistes, est un prélude à ce qui nous attend au cours des prochaines journées: calme et beauté.

À partir de Bedford, plus au sud, la route 235 est tout à fait correcte, mais les rangs parallèles juste à l’ouest (les chemins de Philipsburg et Pelletier) sont beaucoup plus pittoresques. Le passage au poste frontalier de Morses Line se fait sans peine; cependant, ne tentez pas de passer devant les voitures ni de vous présenter au douanier en gang.

 

Un arrêt à L’Œuf vaut vraiment le détour. Ce magasin général constitue un véritable voyage dans le temps et fait aussi office de restaurant, auberge, chocolaterie et j’en passe. La place est prise d’assaut par les cyclistes en été, car il s’agit d’un point de départ idéal pour des randonnées dans les Cantons-de-l’Est et au Vermont. Lorsque le chroniqueur de La Presse, Pierre Foglia, qui y a ses habitudes, parlait de ses succulentes crèmes glacées ou de ses desserts décadents, Pier et Monique, les propriétaires, se retrouvaient fort affairés — et en rupture de stock — au cours des jours suivants.

Le Vermont, terre de vélo

VERMONT freen mountain

Bien que le nord du Vermont soit plutôt pauvre, on sent tout de suite ce qui le différencie du Québec: la qualité des routes et la civilité des gens. Le trafic est léger, et un accotement borde les routes plus passantes. Nos premiers tours de manivelle nous conduisent à Franklin, puis à Sheldon par la route 120 et la East Sheldon Road. Quant à la Buck Hollow Road, elle est l’archétype de la parfaite route vermontoise: succession de terres agricoles et de forêts, des montées pas piquées des vers, un trafic inexistant et des vues imprenables sur les Green Mountains. Après le plat du sud du Québec, l’altimètre indique 550 m d’ascension depuis l’entrée au Vermont!

Nous frôlons Burlington sans trop en sentir l’impact, empruntant la route 128 ainsi que les Sandhill, North Williston et North Hill Roads, ensuite nous parcourons les 100 km subséquents en longeant le flanc ouest des Green Mountains dans un décor miagricole, miforestier, vallonné et très agréable. Nous alternons entre la route 116 (pas trop passante et dotée d’un bas-côté respectable) et de petites routes plus plaisantes encore (Richmond, Tyler Bridge, Monkton Roads). C’est l’occasion de nous approcher des cols «mythiques» du Vermont: Appalachian, Lincoln, Middlebury, Brandon. Un passage du Lincoln Gap présente un dénivelé entre 20% et 24% et constitue the steepest paved mile in the U.S.

VERMONT freen mountain convinient store

Un détour par Middlebury s’impose: ville universitaire huppée où les étudiants portent des shorts et des Birkenstock (même en hiver), pavillons de toute beauté, cafés offrant des espressos dignes de ce nom (le Carol’s Hungry Mind Cafe), le «siège social» de la Otter Creek Brewing Company…

Quelques bornes au sud, Brandon (rejointe par la rive est du lac Dunmore), moins guindée, n’est pas mal non plus: nous soupons au Café Provence, sur la terrasse duquel trône une vénérable Citroën 2 CV bleu poudre. Le Vermont ne cessera de nous étonner!

Au cours des kilomètres suivants, la stratégie est de contourner la ville de Rutland, affairée et sans intérêt. Pour ce faire, nous privilégions la route qui côtoie la rivière Otter Creek du côté ouest jusqu’à North Clarendon, puis la route 7B.

Nous appréhendions la traversée des Montagnes Vertes, mais la route 103 s’avère un bon choix: malgré les 27 km de montée ininterrompue, les côtes dépassent rarement les 5% (dénivelé de 485 m). En outre, ce parcours passe par Weston, un village pittoresque regroupé autour de son green et comportant deux country stores qui se font face. Le Village Country Store vaut le coup d’œil, avec ses produits fins, bonbons, vêtements, ses gugusses rétro et sa collection de vélos anciens. Le slogan des propriétaires, la famille Orton: The Purveyors of the Practical and Hard-To-Find since 1946!

Plus loin, Grafton est plus élégante encore. Au moment de notre passage, une armée d’artisans rénovaient des maisons ancestrales hors de prix. Un des moments mémorables du périple est l’approche de Grafton par la route 121 – en partie en garnotte mais parfaitement carrossable malgré nos roues 700 x 25: 14 km de descente en forêt le long de la rivière Saxtons, bordée ici et là de maisons de ferme centenaires. Magique!

Pour les mordus

Il existe une épreuve qui consiste à rouler les quatre cols mythiques du Vermont en une même journée, la fameuse Vermont 4Gaps Ride, pour un total de 174km et un dénivelé de 2438m. D’autres ont même poussé le masochisme en en incluant six, une balade de 220km au dénivelé de 3350m.

Info : northeastcycling.com/six_gaps.html

Chaque année se tient en juin le Vermont Granfondo, qui inclut certains de ces cols. En 2016, ce sera le 4 juin. Inscriptions ouvertes.

Info : vermontgranfondo.com

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New hapshire Westmoreland NHLe New Hampshire, tout un contraste

Après Grafton, nous donnons nos – hélas! – derniers coups de pédale au Vermont, sur la route 121, puis sur Back Westminster Road. Dès que nous mettons les roues au New Hampshire, le choc est de taille: la route 12 est passante, agressante, déprimante. Heureusement, nous bifurquons 2 km plus loin sur la paisible River Road. Détail important: contrairement à ce qui se passe au Vermont, le ravitaillement au New Hampshire est déficient, sinon inexistant, car les villages ont souvent des allures de La rue principale de Dédé Fortin, et la misère est évidente à certains endroits

Quelques repères concernant notre passage de 60 km essentiellement ascendants au New Hampshire (dénivelé de 800 m) : de Westmoreland à Hinsdale par la route 63 (pas transcendante, mais agréable), puis de Hinsdale (qui a connu de meilleurs jours) à Richmond par la route 119, toute en montée.

Le Massachusetts, ou le retour à la civilisation

Massachusetts Piste cyclable le long de la rivière Charles

Piste cyclable le long de la rivière Charles

L’entrée au Massachusetts se fait par les routes 32 et 68. Sous couvert forestier, sur un revêtement plus décent, les premiers kilomètres donnent lieu à une descente vertigineuse, sinueuse, merveilleuse. Mais nous ne savions pas que nous étions au fond du «bol» et que nous devrions en ressortir en grimpant une montée qui pourrait se voir accoler les mêmes épithètes – sauf «merveilleuse»! Le village de Royalston est quant à lui empreint d’histoire, sans toutefois aucun commerce en vue. La faim nous tenaille: ça fait bien 25 km que nous n’avons croisé ni épicerie ni restaurant! Prochaine étape, Gardner, que nous rejoignons par la Winchendon Road, la route 202 et la Mill à Glen Road.

Par la suite, nous n’éprouverons plus jamais le sentiment de plénitude qui nous a habités pendant les 450 km précédents. C’est normal, nous ne sommes plus qu’à 100 km de Boston. Bien que se déroulant en forêt ou en territoire agricole dans un environnement agréable, l’itinéraire croise des villes et des villages sans grand intérêt: Westminster (par Betty Spring Road), Sterling (par East Road, route 140, Beaman Road) et Bolton (par Sterling, Bolton et Wilder Roads). Quant à la route 117, qui sera notre lot pendant 35 km jusqu’à Waltham, aux abords de Boston, la vigilance y est de mise: bien que non dénuée d’intérêt et très roulante, elle est assez fréquentée, et son accotement est minimal (45 cm).

Une ultime surprise, réjouissante celle-là: la piste cyclable avoisinant la rivière Charles nous transporte jusqu’au cœur de Boston sur une vingtaine de kilomètres, en toute quiétude et complète béatitude. Les premiers kilomètres prennent place dans un milieu bien préservé, alors que les derniers procurent des points de vue époustouflants sur la ville (tapez «Charles River Reservation» dans Google).

Boston

Finalement, malgré le fait qu’il s’agisse de ma cinquième randonnée Montréal-Boston, le plaisir est intact: j’ai retrouvé un Vermont accueillant comme à l’habitude, dont les paysages sont toujours aussi bouleversants. Quant à Boston, c’est en quelque sorte la jumelle de Montréal de par sa taille, son énergie et l’amabilité de ses habitants, mais disons qu’elle a été davantage favorisée à la naissance!

Boston à vélo

Étant donné que nous ne disposons que d’une journée à Boston, nous en faisons une visite éclair sur deux roues. Et comme la ville est concentrée autour de son centre, le vélo est vraiment une option intéressante… et sécuritaire. Boston a du retard au regard du développement du vélo, ne comptant que 150 km de pistes et de bandes cyclables en 2015, comparativement aux 749 km à Montréal. La ville a cependant élaboré un plan de développement ambitieux: bostonbikes.org/about/overview.

Quelques bonnes adresses

Carte interactive : maps.cityofboston.gov/bikenetwork

Hubway (les Bixi de Boston): thehubway.com

Suggestions de randonnées dans et autour de Boston : massbike.org (onglet «Resources»)

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