
Comme son nom l’indique, la ViaRhôna est une formidable occasion d’aller à la rencontre du Rhône. © Christian Martelet
Superposons deux cartes de l’est de la France : l’une illustrant la ViaRhôna, et l’autre, la Vallée de la gastronomie. La première est une véloroute renommée, filant du lac Léman à la Méditerranée, et la seconde propose aux explorateurs du goût une expérience gustative mémorable entre Dijon et Cassis. Ces deux parcours se rencontrent particulièrement entre Lyon et le sud de Valence. Parfait pour une découverte cycliste gourmande.
L’occasion est belle d’entreprendre en douceur – sur un vélo électrique – un périple de 200 km en quatre jours. La ViaRhôna porte parfaitement son nom, puisque cette véloroute longe le Rhône sur 815 km. Vienne sera un bon point de départ, au sud de Lyon la trépidante. L’ancienne capitale de la Gaule romaine, avec son cœur historique, nous séduit. Au grand marché du samedi, nous nous procurons de quoi pique-niquer : fruits et légumes de saison, charcuteries et fromages.
Avec nos sacoches et batteries bien chargées, nous expérimentons la conduite de nos VAE Gitane à l’étape 11 de la ViaRhôna. Sur ce terrain majoritairement plat, l’autonomie de nos batteries ne suscite aucune inquiétude. Des bornes de recharge sont néanmoins mises à la disposition des cyclistes le long du parcours. Il est aussi possible de recharger sa batterie dans un café, un resto ou encore, dans un établissement « Accueil vélo ».
Nous traversons le premier d’une longue série de ponts, la piste passant très souvent d’une rive à l’autre. S’orienter est facile : il suffit de suivre le logo ViaRhôna sur les panneaux qui jalonnent le circuit. Arrêt rapide au Caveau du Château, à Ampuis, pour une dégustation en guise d’introduction aux côtes-du-rhône. Les vignes en terrasses (appellation côte-rôtie) apparaissent à Saint-Cyr-sur-le-Rhône, puis les premiers vergers de la vallée du Rhône se dévoilent. La voie verte ombragée coupe les îles du Beurre et de la Chèvre. La couleur ocre de la piste en gravier provient d’un produit végétal issu des résidus de l’industrie papetière et qui a la particularité de bien drainer le sol.
Le pont du Robinet entre Viviers et Bourg-Saint-Andéol – © Anne Pélouas
La richesse du Rhône
Après Condrieu, nous longeons le parc naturel régional du Pilat. La piste reste sur la rive droite du fleuve jusqu’à Saint-Pierre-de-Bœuf, où nous faisons connaissance avec une spécificité du Rhône : la présence de 19 barrages et centrales qui fournissent le quart de l’hydroélectricité française. Le Péage-de-Roussillon est l’un des plus imposants. La nature reprend ses droits par la suite.
En entrant dans le département de la Drôme jusqu’à Saint-Vallier, des collines boisées et des champs cultivés constituent notre décor. À hauteur d’Andancette, au joli pont de pierre et d’acier, on peut quitter ViaRhôna pour filer vers Albon et sa tour médiévale juchée à 338 m. Au bord du Rhône, la perspective sur les coteaux de l’Ardèche est surtout viticole (appellation saint-joseph). À Saint-Vallier, un pont de pierre nous ramène dans le département de l’Ardèche, au pays de la châtaigne.
Nous ne quitterons quasiment plus le fleuve des yeux jusqu’à Tournon-sur-Rhône. Il faut grimper à pied ou à vélo le sentier des Tours afin de dominer le centre historique et l’autre versant viticole de la vallée. Labellisée Accueil Vélo, La Péniche [Bed and Bicycle] est ancrée près du plus vieux pont suspendu français. C’est l’endroit rêvé pour dormir au plus près du fleuve, après avoir dégusté le pâté en croûte au restaurant Le Cerisier, détenteur d’un Bib Gourmand du Guide Michelin, garantissant un excellent rapport qualité-prix.
Si on a un peu plus de temps, il est possible, à Saint-Jean-de-Muzols, d’embarquer avec son vélo à bord du Train de l’Ardèche (certifié Accueil vélo), pour rejoindre la Dolce Via, une piste de 90 km qui mène dans les montagnes, avant de retrouver la ViaRhôna à La Voulte-sur-Rhône.
Autre option : la boucle Bleu-Vert-Vapeur débute par une croisière en catamaran (vélo à bord) depuis Tournon, pour emprunter ensuite la Dolce Via, avec retour en train à vapeur de Lamastre à Tournon-sur-Rhône.
Le long de la ViaRhôna, l’offre agroalimentaire est plutôt généreuse. © Ariane Arpin-Delorme
Chocolat, nougat et dégustation
À Tournon, deux visites emballantes nous attendent de l’autre côté du fleuve, à Tain-l’Hermitage : celle de la Cité du chocolat, le musée privé de la marque Valrhona, puis celle, à vélo, de la colline de L’Hermitage du vignoble M. Chapoutier, avec dégustation et pique-nique.
Ensuite, direction Valence par la rive droite du Rhône. Passé Glun, une immense usine hydroélectrique récupère l’énergie du fleuve. La piste emprunte, à découvert, le haut d’une longue digue qui protège les cultures et les habitants des débordements.
Sur la ViaRhôna, l’île-parc Girodet est une halte de choix avant d’entrer dans Valence via une nouvelle passerelle conduisant au port, dans la basse-ville.
Par le pont des Lônes, l’itinéraire rejoint Soyons, côté Ardèche. Son ancienne gare est devenue café et hébergement pour les cyclistes. Après une pause, nous traversons Charmes-sur-Rhône à travers des ruelles tortueuses, puis Beauchastel, classé « village de caractère ».
Un magnifique pont suspendu permet de traverser, à Printegarde, une réserve naturelle à la confluence du Rhône et de la Drôme. Laissant le parcours de la Vélodrôme (52 km) à gauche, nous gagnons plutôt Le Pouzin par une voie partagée. À Cruas, l’abbatiale commande une visite. Nous côtoierons ensuite la centrale nucléaire, un autre symbole industriel de la région. Le clou de la journée constitue la traversée du Rhône sur la passerelle himalayenne de Rochemaure, un pont suspendu datant de 1858.
Peu après, une longue digue dépourvue d’ombre mène à Montélimar. Une pause gourmande s’impose au Musée du nougat, lieu emblématique où la confiserie est cuite au chaudron avec ses amandes caramélisées. Puis nous roulerons de pont en pont vers Châteauneuf-du-Rhône, son barrage et son écluse, mais surtout son cœur médiéval, avant que Viviers ne nous dévoile ses hôtels particuliers et son pont romain.
Le paysage s’ouvre alors sur des champs dorés et des vignes. À l’approche de Bourg-Saint-Andéol, nous traversons un dernier pont suspendu pour terminer en beauté en dégustant des purées d’olives parfumées au moulin Lou Mouli d’Oli. Il faut aussi garder une petite soif afin de déguster les vins de l’Ardèche au domaine Les Amoureuses. Tout près, le vigneron musicien Raphaël Pommier du Domaine de Cousignac encourage la pousse de ses raisins avec une douce musique. Il est temps d’abandonner nos beaux vélos Gitane, appelés à repartir vers d’autres aventures sur la ViaRhôna.
Sur le pont suspendu de Montélimar – © Anne Pélouas
Repères
- Parcours réalisé : de Vienne à Bourg-Saint-Andéol (avant Lapalud).
- Le site Web de la ViaRhôna permet de planifier son itinéraire, préparer son voyage, télécharger des cartes, repérer les hébergements. Il suffit de choisir dans les menus déroulants son point de départ et son point d’arrivée. Des cartes et des renseignements sur le parcours choisi s’affichent.
- La ViaRhôna, c’est 56 % de voies vertes sécurisées, 40 % de voies partagées, et peu de dénivelés.
- L’accès à ce parcours cyclable est facile en train TER (transport express régional). Le transport du vélo est gratuit avec réservation.
- En cherchant le label Accueil vélo, vous trouverez tous les prestataires touristiques de la ViaRhôna adaptés à la pratique du tourisme à vélo : hébergements, restaurants, loueurs et réparateurs de vélos, transport de bagages, agences pour des voyages clés en main, offices de tourisme, etc.
- À lire : Routard ViaRhôna, du lac Léman à la Méditerranée (2019).
Pour tout savoir sur la ViaRhôna : viarhona.com