«Il y a sept ans, il n’y avait pratiquement aucune piste cyclable à Lisbonne, explique Filipe Palma, grand aventurier et fondateur du Lisbon Bike Tour and Outdoors. On ne voyait presque pas de vélos dans la ville. Bien qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir au Portugal en matière de présence des vélos dans les villes, les cyclistes sont quand même de plus en plus nombreux. Ils ont la possibilité d’y emprunter les voies partagées de même que les voies cyclables qui continuent d’être construites et adaptées au fil des années. »
À Lisbonne, deux toutes récentes pistes cyclables bien lisses calquant leur tracé sur les berges du Tage voient défiler un nombre croissant de cyclistes de la ville et d’un ailleurs plus ou moins lointain. Il en est de même pour la vingtaine de pistes supplémentaires à travers la ville. De plus en plus de cyclistes parcourent collines et pavés du centre-ville historique même si ceux-ci sont plutôt inconfortables. De leur côté, les cyclistes plus aventureux attaquent souvent la ville aux sept collines à partir de la basse-ville, de manière à défier ses pentes mythiques dont certaines atteignent les 15 %.
Bonne nouvelle pour les Lisboètes : un service de vélos en libre-service vient d’être lancé en juin dernier. On compte ainsi 1200 vélos mis à la disposition des touristes et des habitants dans pas moins de 100 stations à travers la ville, un service pour lequel les usagers occasionnels s’attendront à débourser une dizaine d’euros par jour, payable sur place par carte de crédit ou bancaire.
Afin d’encourager l’utilisation conjointe des transports publics et du vélo à Lisbonne, quarante aires de stationnement pour vélos ont également été installées à des endroits stratégiques. Parallèlement à cela, d’ambitieux projets gravitant autour du monde du vélo et de la création de nouvelles pistes cyclables prennent forme. C’est le cas du Lisboa Horizontal, une application tirée d’une étude topographique réalisée par le bureau d’architecture et d’aménagement paysager BXLX. Le but ? Classer les rues de la ville en fonction du degré des déclivités. Vous saurez dès lors où vous mettrez les roues : le pédalage sera facile (entre 0 et 4 %), modéré (de 5 à 6 %) ou moins accessible (au-delà de 7 %).
Dans le reste du Portugal, d’autres localités se sont pareillement tournées vers de belles et vertes initiatives. C’est le cas entre autres de la ville d’Aveiro, qui possède son propre programme de vélopartage gratuit baptisé Buga, ainsi que de Torres Vedras et Maia qui, elles aussi, ont leurs vélos en libre-service.
Dévaler les collines de Lisbonne
Des airs de fado trottent simultanément dans la tête et le cœur alors qu’on dégringole à vélo les collines mythiques de la capitale portugaise, Lisbonne la poétique, la musicale, la lumineuse. Si maints voyageurs optent pour le fameux tramway 28 dans le but d’entreprendre leur premier tour d’horizon, c’est que visiblement tout juste débarqués à Lisbonne, ils ignorent que cette ville ne se laisse réellement découvrir que de l’intérieur. Préférablement à deux roues et depuis le sommet de la ville, là où le vent souffle l’air marin du Tage.
Cela, les guides du Lisbon Bike Tour and Outdoors l’ont compris, eux qui se sont bien gardés de transformer leurs balades touristiques en défi sportif à la conquête des sept collines lisboètes. Le départ se fait au parc Eduardo VII, tout en haut de la ville, d’où on a l’occasion d’admirer le Tage – ce fleuve prenant sa source en Espagne et traversant le Portugal – venu à Lisbonne se jeter dans l’océan Atlantique. La promenade emprunte la longue avenue de la Liberté pour gagner le cœur du centre-ville historique aux fameuses ruelles pavées, dont les superbes mosaïques se font par contre glissantes lorsque la pluie se met de la partie. On rejoint enfin le bord de l’eau où on pédale de l’ancien port jusqu’à la célèbre tour de Belém, point de départ de nombreuses et grandes expéditions à la conquête du Nouveau Monde.
« L’histoire de Lisbonne et des Portugais est la somme de toutes les invasions », explique Miguel, notre guide féru d’histoire. Au gré de haltes stratégiques, celui-ci revient sur le passé mouvementé de sa ville bien aimée : ses invasions, le séisme de 1755, sa révolution.
La ville aux sept collines se descend en quelques coups de pédale, quartier par quartier, sous le regard amusé et bienveillant de ses fiers habitants. Les arrêts historiques et incontournables sont multiples : le secteur des anciens cinémas et des théâtres ; l’étoile de David de la place São Domingos commémorant le massacre des Juifs de Lisbonne de 1506 ; le pied de l’ascenseur de Santa Justa ; les places Marquês de Pombal, da Figueira et do Comércio de même que Rossio – celle-ci immense et sise au sein de la vieille ville ; le fleuve, le port et les terrasses le long des Docas (les quais) ; le monument d’Henri le navigateur et sa planisphère gravée au sol ; et, enfin, le quartier de Belém avec son monastère et sa superbe tour classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Au cours de la balade, deux arrêts gourmands typiquement portugais s’imposent : une introduction aux saveurs de la ginjinha, cette populaire liqueur de cerise portugaise servie dans de tout petits verres à certains kiosques de la place de l’église Saint-Dominique, puis une dégustation quasi obligée de pastéis de nata – les divines tartelettes portugaises – au café Martinho da Arcada, le plus vieux de Lisbonne, où le poète Fernando Pessoa avait ses habitudes.
Goûter Porto
La rivalité entre Lisbonne et Porto rappelle un peu cette éternelle compétition entre Québec et Montréal. Dans la ville des Tripeiros (surnom donné aux résidents de Porto et signifiant « mangeurs de tripes », la spécialité culinaire locale), on comprend vite qu’on doit éviter les comparaisons avec la capitale. Plus discrète que Lisbonne, donc, Porto mise sur son architecture, son long fleuve – le Douro –, son célèbre vin, ses parcs, ses jardins, ses façades recouvertes d’azulejos (ces tuiles colorées typiquement portugaises) et la chaleur de ses habitants en vue de charmer ses visiteurs toujours plus nombreux.
Cela fait quatre ans que Fold n’Visit propose des circuits à vélo à travers Porto. La balade la plus populaire, baptisée Centre-ville d’Oporto et tourisme (Oporto étant le nom anglais et espagnol de la ville), permet aux touristes de s’imprégner de la vie et de la culture locales tout en couvrant en peu de temps une large portion du centre historique (déclaré Patrimoine mondial par l’UNESCO en 1996) et de la banlieue en bord de mer. Au menu : grands espaces verts, palais urbains, riches manoirs, musées, parc de la ville, paysages marins et histoire des 19e et 20e siècles.
Parsemée d’une dizaine d’arrêts, la promenade mène du centre de la ville à la jolie plage de Foz, moins connue des touristes, au fil des quelques voies cyclables du centre-ville, ainsi que des ruelles pavées et des voies piétonnes de Porto, aussi inclinées que celles de Lisbonne.
De la chapelle du roi Carlos Alberto de Sardaigne dressée dans les jardins du palais Cristal jusqu’à ceux de Passeio Alegre, la randonnée contemplative est parsemée de sauts dans le temps et d’histoires relatant les hauts et les bas de celle qu’on surnomme la capitale du Nord. Après avoir pédalé doucement en bord du fleuve se déversant dans la mer, on s’arrête une vingtaine de minutes boire un verre et admirer l’océan.
Du fort médiéval de São Francisco Xavier do Queijo – souvent appelé le château du fromage –, la route se poursuit en piquant à travers le plus vaste parc urbain du Portugal, le Parque da Cidade de Porto, jusqu’au pied de la riche avenue da Boavista. Les 5,5 km de la plus longue artère de Porto étant en pente (faiblement mais assurément ascendante), c’est ici que se joue pour certains le seul léger effort physique du parcours afin de revenir au magasin Fold n’Visit dans le haut du centre-ville. En chemin, on saluera la Casa da Música, la salle de spectacle devenue attraction touristique incontournable de la ville, car petite merveille d’architecture.