Le «défaut» du gravel bike, c’est que la discipline est encore très jeune, du moins au Québec. Résultat: il n’existe à peu près pas d’itinéraires connus pour pédaler dans les chemins de traverse de la province. Ce qui n’a pas empêché Vélo Mag de vous en dégoter trois solides. Inutile de nous remercier.
L’arrière-pays de Victoriaville
Pour mollets affûtés
« Si tu n’as pas de gros mollets, t’es mieux de t’équiper de très petits développements. Tu vas en avoir besoin!» nous jure Alain Bilocq, l’auteur de ce trajet casse-pattes. Vérification faite, le cycliste de Trois-Rivières a parfaitement raison: on se frotte ici à des routes de gravelle déposées sur un territoire accidenté au coton. De plat, il n’y a à peu près pas au cours de cette virée dans les contreforts des Appalaches, à la rencontre des éoliennes, littéralement. Vous êtes prévenu.
Longue de plus de 100 km, cette boucle s’amorce et se termine au sommet du mont Arthabaska, près de Victoriaville, ce qui garantit déjà un sérieux défi. Les chemins de terre commencent dès qu’on gagne la zone rurale. Quelques coups de pédales, et on comprend qu’ils sont peu fréquentés – et peu fréquentables. Pas de roulières. Des murs à profusion. Du gros gravier dense qui fait «spinner» dans le beurre. Résultat: on est souvent à l’asphyxie lors des grimpes, en train de maudire cette expérience plus proche du vélo de montagne que de route. Au moins, on peut écourter les hostilités à plusieurs reprises en ralliant une route passante qui ramène à Victoriaville.
L’itinéraire, en contrepartie, est loin d’être triste. Le relief donne de l’envergure aux paysages, qu’on dirait par moment sortis de quelque part en Suisse. Les érablières, qu’on trouve à profusion à l’intérieur des terres, côtoient les fermes, la faune abondante et les vastes prairies. On aboutit au pied d’une éolienne qu’un promoteur a cru bon de planter là. Attention, cependant: on croise peu de dépanneurs où se ravitailler.
107 km
2900 m de dénivelé positif
Prévoir 5 heures
85% de l’itinéraire non asphalté
Niveau de difficulté de 9/10
Circulation anecdotique
Bromont et ses environs
La crème des chemins de garnotte
J’avais emprunté mille fois, au moins, les routes aux alentours de Bromont, secteur reconnu chez les cyclistes du Québec. Souvent, je m’étais demandé où pouvaient bien mener ces nombreux chemins de traverse qui se connectent par-ci, par-là aux voies asphaltées. Jamais je n’ai soupçonné l’existence d’un aussi beau terrain de jeu pour pédaler. Vraiment, c’est le nirvana du vélo toute-route.
L’aventure commence aux abords du réseau cyclable de l’Estriade, à quelques hectomètres du Centre national de cyclisme de Bromont. Du stationnement, on traverse l’autoroute 10. Puis on embarque sur le chemin de Lotbinière, qui peu après se couvre de terre. Quoique cahoteux à souhait, on y trouve néanmoins des ornières, formées au fil du temps par les allées et venues des résidents de l’endroit. Résultat: le parcours est rapide, surtout si on s’offre le luxe de rouler sur la grosse plaque (cela ne concerne que ceux qui n’ont pas de monoplateau). C’est là un échantillon représentatif de ce qu’on déniche ailleurs dans les Cantons-de-l’Est.
On revient un court instant sur l’asphalte avant de regagner la garnotte. C’est alors qu’on entre dans un dédale de chemins de campagne délimité, grosso modo, par Bromont, Cowansville et la 10. C’est dans les parages que l’excoureuse cycliste canadienne du coin Lyne Bessette organise chaque automne Les 100 à B7. La toile de fond de cette cyclosportive est extraordinaire: les montagnes Vertes caractéristiques du Vermont se déploient au loin avec, en contrebas, un savant mélange de forêts fournies, de petits prés et de fermettes coquettes parsemées ici et là
Le défi sportif est tout aussi intéressant que les paysages. En route vers le hameau de Iron Hill, on se bute à une succession de courts raidillons qui éprouvent sévèrement les jambes. Même chose en sortant de Knowlton, mais en guise de récompense une longue descente panoramique se négocie à un rythme échevelé. Plus tard, quelque part sur les chemins King, Rogers ou autre, on grimpe à vue au cœur d’une dense sylve, en ne sachant pas trop quand on pourra enfin en enlever une dent.
76 km
1500 m de dénivelé positif
Prévoir 3 heures
80% de l’itinéraire non asphalté
Niveau de difficulté de 7,5/10
Circulation modérée
En haut de Saint-Aimé-des-Lacs
La forêt charlevoisienne
Le bord du fleuve Saint-Laurent dans la région de Charlevoix est bien connu de la faune cycliste québécoise. L’arrière-pays de la contrée de Menaud, un peu moins. De la petite municipalité de Saint-Aimé-des-Lacs, empruntez la route qui mène au parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, mais quittez cette dernière à l’embranchement du chemin du Lac-du-Pied-des-Monts, après avoir longé le lac Nairne. Rapidement, le bitume fait place à de la terre.
Voilà, vous êtes maintenant dans le bois, prêt à vous enfiler une succession de petits lacs (Brûlé, du Rat Musqué, Long) dissimulés derrière des épinettes! En demeurant sur ce chemin – il faut passer outre les nombreuses intersections dans ce labyrinthe forestier –, on finit par aboutir dans la zec des Martres. Notre conseil: faites le tour du lac Boulianne, qui s’y trouve. Puis rebroussez chemin afin de profiter d’un retour assez roulant merci.
70 km
900 m de dénivelé positif
Prévoir 2,5 heures
90% de l’itinéraire non asphalté
Niveau de difficulté de 6,5/10
Circulation négligeable