Sauvage. C’est le premier mot qui vient en tête lorsqu’on met les pieds à l’Auberge de montagne des Chic-Chocs. Nichée à très exactement 614,8 m au cœur du massif gaspésien des «murailles infranchissables», l’établissement accueille depuis plus de dix étés les amateurs de plein air sur son terrain de jeu de 63 km2 aménagé dans la réserve faunique de Matane. Au menu: safari-photo à l’orignal, marathon des trois S (sofa, spa et sauna), randonnée pédestre… et vélo de montagne, comme en témoigne la flotte de bécanes cramponnées stationnées à l’entrée de l’auberge. Celles-ci, des Kona Cinder Cone en aluminium, ne datent pas d’hier. Pourtant, ce sont des «machines honnêtes parfaitement adaptées à ce qu’on leur demande», soutient Vincent Morin, guide à l’auberge écotouristique.
Nous verrons bien s’il a raison, puisque c’est en sa compagnie que nous roulerons la boucle des lacs, un itinéraire d’une vingtaine de kilomètres pour hyper néophytes (à l’instar de l’auteur de ces lignes) qui sillonne le secteur sud-ouest du territoire de l’auberge.
Dès le départ, notre groupe s’aventure sur un large et boueux chemin forestier parsemé de ponceaux de bois et de flaques d’eau. Rapidement, nous sommes crottés du casque jusqu’aux pédales – un détail anodin si ce n’était du 7 °C ambiant qui nous congèle sur place. Pour un 20 juillet, on a déjà vu mieux!
Heureusement, la route est ponctuée de montées pas piquées des vers, synonymes d’efforts considérables. L’usage de pédales automatiques est tout indiqué. Un conseil: emportez les vôtres, puisque les montures de l’auberge en sont dénuées.
Première halte: le lac Barbarin, où nous mettons pied à terre afin d’en gagner les berges. C’est ici que, pendant la saison estivale, viennent s’alimenter les nombreux orignaux du territoire – on en compte 3,3 par kilomètre carré, nous explique Vincent Morin. «Parfois, nous en voyons même qui nagent dans les eaux du lac», relate-t-il.
Pas de chance, les cervidés sont absents lors de notre passage. Nous garderons tout de même l’œil ouvert, puisque maintes pistes tracées par le gros mammifère débouchent sur notre route.
Nous reprenons notre progression en destination d’un autre lac, celui du Versant. Chemin faisant, nous longeons la rivière Cap-Chat Est, où une longue descente pastechnique-pour-deux-sous convainc même les plus piètres pilotes de prendre de la vitesse. Puis, passé un petit pont bien dé- trempé, nous culbutons à notre droite afin de nous enfiler une série de brèves faces de singe.
Le manège se poursuivra ainsi après que nous ayons rejoint notre second lieu de halte, puis notre troisième et dernier, au lac Behrend que nous décidons toutefois de ne pas explorer plus avant.
C’est qu’il faut bien se garder un peu d’énergie pour le retour à l’auberge! D’une face de singe de 2 km, celui-ci s’effectue sur le chemin principal, celui-là même que nous avons emprunté en navette à notre arrivée à l’écoauberge. Traduction: ça monte tout le temps! Un peu à l’image de notre sortie au travers de ces véritables «Pyrénées qué- bécoises», finalement.