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Entraînement

Chasser la morosité de l’entre-saison

09-11-2019
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La déprime afflige le cycliste en fin de saison aussi sûrement qu’il neige en hiver. Heureusement, il est possible au sportif de se préparer à accrocher son vélo avec sérénité.

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Photo: SRAM

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Novembre est, à plus d’un titre, la période le plus déprimante de l’année. Le soleil se couche au beau milieu de l’après-midi, un camaïeu de brun-gris se décline partout où le regard se pose, les abris Tempo poussent comme des champignons… Le mois des morts mérite bien son nom, quoi! Les cyclistes ne sont pas en reste: novembre, c’est la fin plus ou moins contrainte de la saison, le point de non-retour, l’ultime barrière. Bref, c’est l’heure de ranger son vélo pour cause de frette et de neige imminente, qu’on le veuille ou non.

Si, comme l’auteur de ces lignes, cette perspective vous fout le cafard, soyez sans crainte: c’est tout à fait normal, affirme Amélie Soulard, préparatrice mentale à l’Institut national du sport du Québec (INS Québec). « Le même phénomène est observé à la fois chez les athlètes de haut niveau et les olympiens et chez les sportifs amateurs, mais d’une ampleur plus grande parmi les premiers. Il se caractérise par une déprime et des symptômes dépressifs teintés de nostalgie, voire de pensées noires ou de comportements destructeurs», souligne la psychologue sportive et organisationnelle.

Plusieurs hypothèses semblent expliquer cet état comparable à la dépression du post-partum. L’une d’elles est purement physiologique: le cycliste accro à son fix quotidien d’endorphines y plonge dès lors que les doses diminuent. C’est l’état de manque. Une autre est celle de l’adaptation : l’arrêt de ce qui l’animait jour et nuit provoque ni plus ni moins un chamboulement des points de repère identitaires. « Même s’il a une famille, un travail, des amis, le cycliste se définit forcément un peu par rapport à sa pratique sportive. La fin de la saison le force à se redéfinir», précise l’experte.

On peut cependant se disposer à cette période de transition post-saison de manière à la vivre avec détachement. «En temps normal, chez un amateur, sa durée est de quelques jours à tout au plus quelques semaines. À l’intérieur de ce délai, il n’y a pas lieu de s’inquiéter», indique Amélie Soulard. Voici comment s’y prendre.

« Même s’il a une famille, un travail, des amis, le cycliste se définit forcément un peu par rapport à sa pratique sportive. La fin de la saison le force à se redéfinir. »

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1• Du essentiel

La question n’est pas de savoir si la déprime va frapper, mais bien quand et comment. Selon Amélie Soulard, accepter qu’elle existe et qu’on en soit victime en fin de saison est la meilleure chose à faire pour commencer à s’en extirper. « Ainsi, on ne sera pas surpris lors de sa manifestation. À l’inverse, on aura plutôt tendance à relativiser la situation et à maintenir une saine distance vis-à-vis de ses émotions», dit-elle. Un truc: encercler la date pressentie de la fin de sa saison sur son calendrier et avertir son entourage qu’on sera davantage à cran dans les jours suivants.

2• Briser l’isolement

Faire du vélo, c’est rencontrer d’autres cyclistes, socialiser avec eux et, parfois, nouer des amitiés. Il arrive que l’arrêt de la pratique du sport du jour au lendemain signifie l’interruption de ces relations. Pourtant, rien n’oblige à attendre au printemps pour les raviver. «Il faut entretenir son cercle social d’amis cyclistes même en hiver. Côtoyer des gens partageant les mêmes valeurs que soi permet de garder la passion bien vivante », assure Amélie Soulard. Le fatbike est une excellente activité à réaliser en gang, soit dit en passant.

 

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3• Dresser un bilan

Cette pause cycliste plus ou moins forcée est un excellent moment pour faire le point sur sa saison passée. Ai-je atteint mes objectifs sportifs ? Qu’est-ce qui a été agréable et désagréable ? Y a-t-il des éléments à changer, à répéter, à supprimer ? Ce sont autant de questions pouvant alimenter cet exercice introspectif. «Au terme de ce bilan, c’est l’avenir qui se dessine : il sera plus facile de se fixer des objectifs réalistes en vue de la prochaine saison. Par le fait même, on se projette dans le futur, dans ce qui est à venir, plutôt que dans ce qui n’est plus et sur quoi on n’a plus aucun contrôle », nuance-t-elle.

4• Mobiliser l’esprit

Si l’entre-saison est synonyme de repos, cela ne signifie toutefois pas de mettre son cerveau au neutre, bien au contraire. Il vaut mieux profiter de son surcroît d’énergie et de temps afin de l’investir dans des projets qui gardent l’esprit engagé dans sa pratique sportive. «Cette lecture cycliste que vous reportez sans cesse, c’est le moment ou jamais de la faire. Même chose pour cette planification fastidieuse de camp d’entraînement ou de voyage à vélo: ce n’est pas quand la prochaine saison se met en branle qu’il faut y penser, c’est maintenant», lance Amélie Soulard.

5• Rester (un peu) actif

Tous les bons manuels d’entraînement le claironnent: les cyclistes doivent se reposer à la fin de leur saison. Le but: recharger les piles en vue de la prochaine. Attention par ailleurs de ne pas appliquer la notion de coupure au pied de la lettre: cela pourrait mener au sous-entraînement… et à la morosité. «Plusieurs autres sports procurent des sensations d’euphorie semblables à celles du vélo. On ne se prive donc pas de les pratiquer tout en prenant bien soin de ralentir la cadence», conclut la spécialiste. C’est qu’endorphines pour endorphines, votre cerveau ne fait pas la différence…

L’humain, cet animal social

À la suite d’un entraînement intense ou d’une compétition, échanger avec des vis-à-vis cyclistes pourrait améliorer la récupération. C’est du moins ce que suggère une étude parue en 2016 dans Physiology & Behavior. Selon celle-ci, le ratio entre la testostérone et le cortisol (un bon indicateur du niveau global de stress de l’organisme) était meilleur chez des athlètes de rugby de la même équipe qui papotaient entre eux après une joute que chez d’autres où chacun faisait sa petite affaire tout seul. Mieux encore: le groupe « sociable» réalisait, une semaine plus tard, de meilleures performances en compétition!

Des bas de contention, c’est bien. Des amis, c’est mieux!

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