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Entraînement

Vélo : Trois faussetés pas bonnes à dire

11-03-2024

© Unsplah – Josh Nuttall

Les règles simplistes ont la cote. Cela engendre souvent des croyances populaires non fondées. Il est grand temps que le monde du cyclisme se débarrasse des trois suivantes !

Le carbone est fragile.

C’est faux.

La preuve : la cellule de survie d’une voiture de F1 doit résister à des impacts d’une force incroyable pour sauver la vie des pilotes lors d’un accident à 350 km/h. Oui, elles sont faites de fibre de carbone. 

Pour une masse équivalente, la fibre de carbone est de deux à cinq fois plus résistante que l’aluminium. Elle est également moins susceptible à la fatigue structurelle à long terme.

Tout matériau peut être fabriqué selon différents niveaux de solidité et de renforcement spécifique. La beauté d’un matériau composite comme le carbone est qu’il possède des propriétés permettant de le rendre très solide à un endroit, là où l’on sait que le stress sera plus important (par exemple le tube de direction), et de l’alléger considérablement aux endroits moins névralgiques (comme le milieu du tube supérieur). Les propriétés et caractéristiques structurelles des métaux limitent ces possibilités. Certains manufacturiers sacrifient-ils trop la solidité de leur cadre de carbone à certains endroits dans le but de réduire le poids ? Peut-être. Mais on a davantage affaire à un problème de fabrication qu’à une question de choix de matériel.

J’ai déjà réalisé un test de destruction sur deux tubes de selle. Le point de rupture de celui en carbone était beaucoup plus clair (cassure plus nette), tandis que le tube en aluminium, pour sa part, se déformait et pliait plus graduellement mais nécessitait vraiment moins de force pour arriver au point de rupture.


Plus rigide signifie plus rapide.

C’est faux.

Depuis toujours, on chante la chanson qu’un vélo plus rigide offre un meilleur transfert de puissance et est donc plus performant. C’est faux : cette théorie ayant une emprise tentaculaire sur l’esprit collectif des cyclistes n’est aucunement validée par la science. Tous les tests indépendants aboutissent à des conclusions similaires. Premier constat : les différences sont infimes. Deuxième constat : les vélos les plus rigides n’étaient presque jamais les plus rapides. Il semble qu’il y ait plutôt un parallèle à faire avec les pneus trop gonflés, trop pouvant être tout aussi négatif pour la performance que pas assez.

Sur le plan des souliers, des tests lors d’une étude scientifique ont déterminé que, bien qu’il y ait un meilleur transfert de puissance entre des chaussures de vélo et des espadrilles, il n’y avait aucune différence mesurable entre une chaussure de vélo d’entrée de gamme et une autre haut de gamme.

Même son de cloche de la part de Zipp, qui ne mesure aucune différence de rendement de ses roues malgré une réduction de la rigidité latérale de 50 % !

Par contre, d’autres tests, à l’aveugle ceux-là, ont révélé que si on informe un cycliste que ce nouveau vélo est plus rigide (même si ce n’est aucunement le cas), le biais de confirmation entraîne une amélioration de l’effort…


Pédaler de façon circulaire est avantageux.

C’est faux.

Et les conclusions des multiples recherches en laboratoire sont toutes semblables : tirer activement dans la partie arrière du cycle de pédalage grâce aux pieds fixés sur la pédale est moins efficace, car la dépense énergétique du corps est plus grande pour une même puissance générée à la roue. Les muscles impliqués dans une telle traction (principalement les fléchisseurs de la hanche) sont très peu efficaces, et leur utilisation active diminue habituellement la puissance de la poussée, sans compter la pression supplémentaire induite sur la selle et la bascule accentuée du bassin qui peuvent provoquer des inconforts de selle et des maux de dos.

Loin de moi l’idée de prétendre que les pédales à clip sont inutiles. Elles ont assurément des avantages en matière de confort, de stabilité et d’efficacité. Les gains en performance sont aussi généralement observables, mais ils ne sont pas dus simplement à un tirage actif ou à l’élimination d’un soi-disant point mort dans le cycle de pédalage.

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