Les personnes d’âge mûr sont de plus en plus nombreuses dans les compétitions et événements cyclistes. Pour vivre sereinement ces événements, il ne faut pas se comparer aux plus jeunes ni se fier à ses performances d’antan. Voici quelques suggestions pour y arriver.
Pour bien vieillir, plusieurs personnes plus âgées pratiquent une activité physique comme le cyclisme. Elles participent à des événements, parfois dans la catégorie des athlètes maîtres, avec le même enthousiasme que les athlètes plus jeunes.
La pratique de l’activité physique à un âge plus avancé apporte de nombreux bienfaits, non seulement sur la santé physique, mais aussi sur la santé psychologique, cognitive et sociale. Elle empêche ou retarde l’apparition de maladies chroniques, et contribue au maintien des capacités fonctionnelles, de la mobilité et du réseau social.
Si les bienfaits sur la santé sont nombreux, la performance, elle, n’est pas toujours au rendez-vous. Avec le vieillissement viennent aussi des altérations sur le plan cardiovasculaire ou musculaire. Par exemple, la consommation maximale d’oxygène diminue d’environ 4 à 12 % par décennie, et ce déclin peut s’accélérer avec l’âge et atteindre 20 % par décennie chez les personnes de 70 ans et plus. Dans la même perspective, un déclin des fonctions neuromusculaires amène une réduction de la capacité à produire de la force et de la puissance qui peut atteindre 3 à 4 % par année. Ces altérations sont très importantes considérant le rôle clé de ces qualités dans la performance sportive.
MODIFIER LA TRAJECTOIRE DU VIEILLISSEMENT
Comment vivre sereinement ce déclin de la performance ? Quelques études scientifiques en physiologie et en psychologie du sport montrent que certaines stratégies d’entraînement physique et de préparation mentale peuvent être utiles. Il est possible de modifier la trajectoire du vieillissement en adoptant un programme d’entraînement physique structuré. Ainsi, des kinésiologues peuvent proposer une combinaison d’exercices aérobies et d’exercices de résistance qui favoriseront l’amélioration de la consommation maximale d’oxygène ainsi que des gains de force.
L’individualisation et la personnalisation de l’entraînement sont à considérer pour les athlètes qui prennent de l’âge puisque le corps change et se transforme différemment d’une personne à une autre au cours de la vie. Les blessures ou les accidents de parcours, de même que l’ensemble des expériences vécues, s’y sont inscrits et laissent des traces qui modifient les capacités de chaque personne. En bref, un groupe d’adolescents est plus homogène sur le plan des capacités physiques qu’un groupe de personnes plus âgées. Le type d’entraînement one-size-fits-all n’est donc pas une bonne idée pour ces dernières.
Pour ce qui est des stratégies sur le plan psychologique, une étude qualitative de la chercheuse australienne Rylee Dionigi portant sur des athlètes de 60 à 89 ans qui ont participé à des Masters Games a montré que les athlètes plus âgés se mobilisent pour résister aux discours pessimistes sur le vieillissement. Ces participants exprimaient leur fierté de croire qu’ils étaient différents des personnes âgées inactives. Beaucoup estimaient que la compétition sportive dans les catégories pour les maîtres les gardait jeunes parce qu’ils fraternisaient et concouraient contre des personnes plus jeunes.
Savoir qu’ils ne perdaient pas leur forme physique était extrêmement important et satisfaisant. Certains participants ont décrit comment ils se sont mis au défi et ont poussé leur corps à ses limites afin de tirer le meilleur parti de leur sport pour leur santé. Ces sentiments de force, de confiance et de compétence se sont transformés en un sentiment général de contrôle et d’indépendance.
Dans un dialogue intérieur qui leur a permis de préserver leur motivation afin de poursuivre la pratique de leur sport à mesure qu’ils vieillissaient, ils ont fini par considérer leurs performances comme des succès.
Ces trois conseils peuvent vous aider à maintenir votre pratique sportive en vieillissant :
• Afin de vous adapter à une nouvelle réalité, il ne faut pas hésiter à modifier vos techniques, vos stratégies, vos objectifs ou même à revoir votre définition du succès. La flexibilité est la clé de l’adaptation !
• Résistez aux stéréotypes liés au vieillissement. Entretenez un dialogue intérieur optimiste au sujet de vous-même et de vos performances.
• Consultez une personne spécialisée en kinésiologie pour une approche individualisée. Celle-ci tiendra compte de votre profil et pourra prescrire des exercices adaptés en fonction de votre condition actuelle et de vos objectifs à court et à moyen terme.
Un article de Nicolas Berryman et Amélie Soulard
Amélie Soulard est psychologue et consultante en performance mentale à l’Institut national du sport du Québec, et Nicolas Berryman est chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.