On entend toutes sortes de choses sur l’« esprit», l’« attitude » ou la « force mentale » des athlètes. En effet, nous aimons croire que les grands champions sont ceux qui contrôlent toujours leurs émotions et qui ont une concentration à toute épreuve. Mais est-ce vraiment le cas ? N’ont-ils pas plutôt développé la formidable faculté d’être dans le moment présent ?
Les recherches montrent que lorsque nous essayons de changer une pensée négative en une pensée positive, ou encore de réprimer une peur ou un sentiment de stress, par exemple, l’émotion ou la pensée négative que nous tentons d’éliminer prend aisément le dessus. Nos stratégies de contrôle des pensées et des émotions, tels l’arrêt de la pensée ou la transformation du discours intérieur, ne sont donc pas très efficaces, ce qui risque d’affecter la confiance en soi et la motivation.
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Les stratégies d’acceptation dont fait partie la pratique de la pleine conscience sont l’alternative aux stratégies de contrôle. Jon Kabat-Zinn, qui a élaboré une méthode éprouvée de réduction du stress par la pleine conscience, la décrit comme une prise de conscience volontaire et sans jugement, ici et maintenant, de l’expérience physique, émotionnelle et cognitive. La force mentale dont font preuve les sportifs serait en fait une capacité à être et à se maintenir dans le moment présent.
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Le premier exercice d’entraînement formel à la pleine conscience est la méditation. On peut facilement être accompagné dans cet entraînement par diverses applications telles que Headspace ou Petit BamBou. Toutefois, le cyclisme procure un contexte propice au développement de l’aptitude à être dans l’instant présent. Voici comment :
Oubliez Strava roulez sans GPS, laissez votre téléphone intelligent à la maison et libérez-vous de la tyrannie des données et de la comparaison avec les autres.
Focalisez-vous sur votre respiration. Observez son rythme, sa profondeur, ses fluctuations au fil des montées, des descentes ou des virages.
Prenez conscience du travail musculaire que vous effectuez. Sentez les muscles qui se contractent dans vos jambes, mais aussi dans votre dos, vos épaules, vos bras. Si vous ressentez des douleurs ou des tensions musculaires, ne vous efforcez pas de vous en distraire en pensant à autre chose. Ces inconforts font partie de l’expérience présente. Acceptez leur présence, voyez-les comme des informations utiles.
Levez la tête, ne la laissez pas dans votre guidon… Laissez votre regard se porter sur le paysage. Sentez le vent ou le soleil sur votre peau. Humez l’air. Prêtez attention aux sons et aux bruits de la ville ou de la campagne. Bref, concentrez-vous sur vos cinq sens.
Aller plus loin
La pleine conscience appliquée au cyclisme suscite votre intérêt ? Voici une suggestion de lecture sur le sujet : Faire du vélo en pleine conscience : trouver l’équilibre à deux roues de Nick Moore, paru aux Éditions Christine Bonneton en 2019.