L’été a laissé sa place aux températures plus froides et aux journées sombres et pluvieuses de l’automne. Votre vélo est peut-être remisé au fond du garage. Faites-vous partie des 2 à 5 % de la population canadienne qui vivent avec un trouble affectif saisonnier, communément appelé dépression saisonnière ? Ou est-ce plutôt la baisse de régime de votre entraînement qui vous déprime ?
De nombreux athlètes et sportifs ont témoigné de cette période de blues caractérisée par une baisse d’énergie, de motivation, et une humeur plus maussade et irritable qui vient avec la fin d’une saison intense ou à la suite d’une compétition d’envergure comme les Jeux olympiques. Deux hypothèses principales pourraient expliquer ce phénomène.
L’hypothèse biologique
La diminution d’endorphines (aussi connue comme l’hormone du bien-être), engendrée par la réduction de l’entraînement durant l’automne et l’hiver, pourrait avoir un effet sur l’humeur. Il importe donc de rester actif de diverses manières pendant la saison plus froide. Le fait de passer davantage de temps à l’intérieur – et devant les écrans – peut aussi influencer la production de vitamine D et la sécrétion de mélatonine, ce qui peut nuire au sommeil. Ces facteurs peuvent aussi contribuer au développement du trouble affectif saisonnier, un état dépressif majeur qui présente un schéma cyclique, commençant généralement à l’automne et se prolongeant pendant les mois d’hiver. Les femmes plus que les hommes, les jeunes plus que les personnes plus âgées, de même que les personnes ayant des antécédents familiaux de dépression ou de trouble bipolaire, sont particulièrement susceptibles de souffrir de dépression saisonnière. Ce qui la distingue du blues d’après-saison est que la dépression saisonnière est souvent récurrente.
L’hypothèse de la transition athlétique
La transition de fin de carrière chez les athlètes a souvent été documentée. Toutefois, les sportifs vivent de nombreuses microtransitions tout au long de leur parcours, comme le passage à un niveau de compétition supérieur. Les changements de saison sportive sont aussi des périodes de transition qui, bien qu’elles soient de moindre importance, nécessitent tout de même de s’engager dans un processus de transformation sur les plans affectif, cognitif et comportemental. Il faut retrouver ses repères, sa structure et sa routine, modifier ses comportements. S’adapter à une nouvelle situation est énergivore, et il est possible que cela engendre de la fatigue et même certains symptômes dépressifs. On peut faciliter une telle transition en dressant un bilan de sa saison estivale, en identifiant ses succès et ses apprentissages, puis en établissant les prochains objectifs. C’est l’occasion de s’engager dans d’autres activités, sports ou projets, ou encore de prendre une pause et de soigner certaines blessures. Une meilleure connaissance du phénomène de blues d’après-saison suffit parfois à le normaliser et à en réduire les symptômes puisque, sachant à quoi s’attendre, on culpabilise moins. Si la fatigue ou les émotions négatives perdurent ou s’intensifient, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel de la santé afin d’obtenir du soutien. Outre la médication, la luminothérapie pourrait vous être bénéfique. Il est prouvé qu’une exposition quotidienne à une lumière intense peut réduire les symptômes de dépression saisonnière.