Stéphane Brutus, professeur à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia, se définit comme un cycliste acharné. Chaque jour, il pédale entre le bureau et son domicile. «Comme un grand nombre de cyclistes, je me doutais que voyager ainsi réduit le stress et améliore l’humeur.»
Le sujet s’est imposé de lui-même à son étudiante à la maîtrise Roshan Javadian, elle-même enthousiaste cycliste, tout comme l’autre professeure ayant collaboré à l’étude, Alexandra Panaccio.
Les participants à l’étude, des travailleurs de la société Autodesk, dans le Vieux-Montréal, étaient nettement moins stressés en arrivant au bureau le matin s’ils avaient pédalé plutôt qu’utilisé les transports en commun ou leur voiture. Car le temps passé dans le trafic influe grandement sur l’anxiété, le bonheur et l’équilibre mental. De plus, pédaler entraîne un effort physique qui augmente le bien-être.
Par contre, cette recherche n’a pas permis d’établir hors de tout doute que le vélo contribue à améliorer l’humeur des participants, l’étude faisant la nuance entre stress et humeur, ce dernier point étant un état plus transitoire. «Nous avions 54 participants automobilistes, 42 usagers des transports en commun et 25 cyclistes, reprend Stéphane Brutus. L’échantillon est un peu limité. Et les participants cyclistes sont peut-être intrinsèquement moins stressés: ils sont généralement plus en forme et aiment leur mode de transport (c’est ce qu’on appelle un biais de préférence). Il aurait fallu répartir les modes de transport en les attribuant chaque jour de manière aléatoire aux participants. Mais c’est la première fois que la science affirme que le vélo a un effet positif sur le stress des travailleurs.» En fait, les participants devaient obligatoirement répondre aux questions moins de 45 minutes après leur arrivée au bureau (une donnée vérifiée par internet). Les chercheurs ont utilisé des questionnaires d’auto-évaluation standard (échelle de Likert, questionnaires de Thomas et Diener, de Van Rooy, de même que de Ryan et Frederick), reliés à différentes mesures physiologiques du stress et du bien-être, en tenant compte de la durée du parcours.
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En fait, les participants devaient obligatoirement répondre aux questions moins de 45 minutes après leur arrivée au bureau (une donnée vérifiée par internet). Les chercheurs ont utilisé des questionnaires d’auto-évaluation standard (échelle de Likert, questionnaires de Thomas et Diener, de Van Rooy, de même que de Ryan et Frederick), reliés à différentes mesures physiologiques du stress et du bien-être, en tenant compte de la durée du parcours.
L’étude a permis de corroborer des travaux antérieurs, notamment ceux de Seth LaJeunesse et Daniel Rodriguez, de l’Université de la Caroline du Nord, qui avaient conclu que les navetteurs cyclistes considéraient leurs déplacements moins stressants comparativement à ceux qui prenaient leur auto
L’étude de Concordia a attiré l’attention de la communauté scientifique et des médias partout sur la planète. Stéphane Brutus mentionne avoir été contacté par The New York Times et The Guardian. « Ce genre de sujet est dans l’air du temps, avec le réchauffement climatique et la congestion routière en milieu citadin, qui affectent la productivité et la santé des travailleurs, dit-il. Il y a beaucoup d’intérêt pour les modes de transport actif, mais peu de science. Ces données fournissent des arguments aux planificateurs urbains afin de privilégier le vélo dans l’aménagement des villes.»