En Mauricie, les sentiers du centre Énergie CMB sont à 10 minutes du centre-ville de Trois-Rivières. Parfait pour une pratique régulière.
ALes statistiques le confirment. « Plus de 80 % de nos utilisateurs sont des familles », m’avait indiqué Charles Hébert, directeur général d’Énergie CMB, lors de ma première visite au centre, en 2021. À l’époque, l’un de ses projets consistait à pérenniser les droits de passage accordés par une vingtaine de propriétaires privés. Mais pouvoir profiter de notre immense terrain de jeu provincial n’est jamais acquis. La ville de Trois-Rivières, dont le centre ville n’est qu’à une dizaine de minutes de route à l’est, décidera au début de l’automne de l’agrandissement de son étalement urbain. Si le vote est favorable, cela empiétera vraisemblablement sur les plus beaux sentiers du centre CMB, qui grandit là depuis 2003.
Je ne m’attendais pas à cette perspective incertaine lorsque j’ai pris des nouvelles de l’OBNL auprès de Samuel Marcoux, le coordonnateur des activités. Celui qui voit à ce que tout soit « sur la coche » au centre était néanmoins bavard sur des nouvelles autrement joyeuses.
PARFAIT POUR APPRENDRE
C’est au moins 55 000 visiteurs qui sillonnent les quelque 35 km de sentiers chaque année, souscrivant à des abonnements individuels, familiaux ou saisonniers. Les pistes de vélo de montagne – qui se transforment en sentiers de ski de fond, de fatbike et de raquette l’hiver – sont entretenues grâce à l’expertise interne. « On améliore sans cesse le réseau, m’explique Samuel. Dans certains sentiers, les arbres avaient poussé suffisamment pour que les racines ralentissent le flow. Encore récemment, on a modifié des lignes, ajouté des berms, des rollers. »
L’endroit est véritablement pensé pour l’apprentissage. Des cours privés et en groupe sont offerts. Et les sentiers sont presque toujours conçus de façon évolutive. Les Mousquetaires, par exemple, sont constitués de trois lignes parallèles de sauts de différentes tailles. « Même pour nos plus grosses configuration, poursuit Samuel, les pistes d’atterrissage sont allongées de façon à permettre les erreurs. »
UN TERRAIN VARIÉ
Je roule en cross-country depuis le début des années 2000. Dans ce temps-là, tout n’était que racines et tapis de roches. Lors d’un de mes passages au centre CMB, j’ai tout de même suivi un cours de perfectionnement. En une seule demi-journée, mon positionnement s’est beaucoup amélioré, et je me sens désormais plus en confiance quand mes deux roues quittent le sol. Surtout, j’ai été étonné de la diversité du terrain. D’en bas, deux larges pistes de montée (les « remonte-pentes ») nous mènent en quelques minutes à une quinzaine de sentiers roulants. Le secteur à l’est (celui menacé par l’étalement urbain) est le plus impressionnant. On y trouve de magnifiques ponts qui ne sont pas sans rappeler, à plus petite échelle, le North Shore en Colombie-Britannique. Même les arbres paraissent plus hauts et la végétation plus saturée.
Du côté ouest, chaque descente agrémentée de rouleaux et de virages serrés me permet d’augmenter un peu ma vitesse sur une surface dure comme du marbre.
En haut d’une piste, je suis en train de me convaincre d’exécuter un saut lorsque William, huit ans, me dépasse à pleine vitesse, s’élève dans les airs sans ralentir et tourne son guidon avec élégance avant d’atterrir, sourire au visage. Je justifie mon hésitation en rejetant la faute aux cours que je n’ai pas eus à son âge. Sa mère l’imite immédiatement après. Là, je suis à court d’excuses ; il faudra que je revienne m’exercer ici plus souvent.
SE CROISER LES DOIGTS
« On trippe ben raide à développer Énergie CMB, s’enthousiasme le coordonnateur Samuel Marcoux. Ce n’est pas une corvée, c’est un loisir. » Son commentaire laisse pourtant planer un sentiment doux-amer en pensant au vote municipal à venir sur l’agrandissement du territoire urbain. Énergie CMB, comme beaucoup d’autres endroits où l’on peut apprendre à profiter du territoire, est un joyau. Il contribue à la qualité de vie et donne une âme à la ville et à toute une région. Sa clientèle se déplace de Joliette, de Montréal et même de l’autre côté du fleuve.
Pour la dizaine d’employés du centre et les milliers de cyclistes de tous âges qui roulent sur ses pistes, je me croise les doigts afin que ce lieu existe encore longtemps.