The Road Book n’est pas un livre. C’est un ouvrage de référence pour fanatiques; c’est une bible. C’est aussi le résultat d’une somme de travail colossale. Alors j’ai voulu parler avec son auteur pour savoir une chose, finalement : pourquoi diable se lancer dans pareille aventure?
J’en parle brièvement dans ma chronique du magazine ce mois-ci : The Road Book est un projet magnifique, un peu fou, absolument unique en son genre. C’est le récit d’une année de course cycliste sur route, chez les hommes et les femmes, au niveau professionnel. On y trouve une quantité ahurissante de données, mais aussi une tonne de détails, en apparence secondaires, qui servent cependant à raconter le récit de chaque course, au-delà des simples résultats.
Entrevue avec le père de ce projet, le journaliste sportif anglais Neil Boulting.
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Ned, d’abord, vous n’avez pas fait ceci tout seul. Qui est-ce qui compose l’équipe derrière ce livre et d’où vient leur intérêt pour le cyclisme?
Au centre du projet, nous sommes une équipe de quatre. Jonathan Marks connait bien le sport, pour y être impliqué de longue date, d’un point de vue commercial. Charlotte Ayeo s’occupe de la plus vaste part de la tâche : c’est grâce à elle que le livre prend réellement forme. Elle a passé plusieurs années à travailler sur l’équivalent du Road Book, mais pour le cricket. J’ai moi-même eu le plaisir d’écrire une partie du livre, dont l’introduction, et nous avons aussi la chance d’avoir avec nous Cillian Kelly : le meilleur statisticien du cyclisme dans le monde. À nous quatre se greffe toute une équipe de collaborateurs. Des auteurs, des designers graphiques, des photographes.
Et d’où provient l’impulsion de faire ce magnifique ouvrage?
Ça fait un moment que je jongle avec cette idée. Je crois que si personne ne l’avait encore fait (du moins, en langue anglaise), c’est en raison de la complexité du projet et de la difficulté de parvenir à le faire imprimer pour la fin de l’année en cours.
Et pourquoi l’avez-vous finalement fait?
Parce que le cyclisme mérite amplement qu’on y consacre un ouvrage de la sorte qui englobe l’ensemble de ses manifestations au cours d’une année.
Et aviez-vous des ouvrages d’inspiration?
La bible. Question suivante?
Plus sérieusement, c’est un ouvrage sans doute couteux à produire. Je suis à peu près certain que vous ne faites pas d’argent avec ça. Donc vous le faites pour l’amour du sport?
Effectivement, je n’en ai rien tiré sur le plan monétaire. Toutefois, l’idée derrière ce projet, le concept, si tu veux, c’est de créer une chose dont on est fier, que le résultat final s’approche autant que possible de la perfection, puis de voir s’il s’agit d’un produit pour lequel il y a un public, un auditoire. S’il y a un bénéfice, il doit être le corrolaire d’une idée de départ qui répond à ce concept. Et puis, d’abord et avant tout, je suis un commentateur à la télé, et J’UTILISE ce livre, il est sur mon bureau, je m’en sers dans mon travail. Pour moi, sa valeur est inestimable. Je voudrais pouvoir m’en servir à tout jamais comme d’un impérissable ouvrage de référence.
En termes de design, comment décririez-vous votre approche?
Moderne de cœur, dans une enveloppe classique. Comme si ça avait toujours existé. On le tient dans sa main en sentant bien son poids. Son imposante existence physique témoigne de son importance au temps présent en même temps que de l’histoire à laquelle il s’abreuve.
Il y énormément de données dans chaque page. Y compris le temps qu’il faisait lors de chaque course. Comment avez-vous décidé ce qui devait se retrouver là?
Cyrille Guimard a déjà dit que le cyclisme est comme la voile. La météo est presque toujours une composante incontournable, cependant négligée par la plupart des compte-rendus statistiques du sport. Sinon, des choses comme la liste des membres de l’échappée du jour figurent dans la liste des essentiels, car sans eux, le résultat de la course n’a pas de sens.
Dans le même ordre d’idée, vous avez inclus un texte qui est le récit de la course. Je présume que, sans cette histoire, les chiffres perdent leur signification…
Totalement. Au fond, la course cycliste sur route est comme la musique, les arts visuels, la politique, l’astronomie, l’exploration, le crime, la religion : c’est une activité humaine. Chaque course est donc une histoire qui raconte des moments de fragilité, et parfois aussi de triomphe.
Qu’est-ce qui vous rend le plus fier dans ce projet?
Chaque personne qui le voit et le tiens dans ses mains désire se le procurer.
Et votre souhait, c’est de le publier chaque année?
Ce n’est pas un souhait. Il y aura une édition pour 2019, puis 2020, 2021, et ainsi de suite. 2018 sera toujours l’année zéro.