À la première édition de la Grinduro canadienne, qui a eu lieu en août dernier dans Charlevoix, Devinci a présenté la nouvelle mouture de son vélo de gravelle, le Hatchet. Il faut dire que c’était le moment tout indiqué, puisque le fabricant saguenéen est autant impliqué dans ce nouvel événement que dans l’expansion du vélo de garnotte.
Au premier coup d’œil, le nouveau Hatchet 2 ne ressemble pas vraiment à son prédécesseur avec les formes originales de ses tubes. On note les courbes sculptées du jeu de direction et les haubans légèrement courbés qui viennent prolonger le tube horizontal après un S fluide. L’ensemble est plutôt élégant, habillé des couleurs proposées pour les modèles en carbone : argent chroméo, bleu lunaire, rouille ou noir profond. Le nom de Devinci se fait plutôt discret, apparaissant uniquement sur la fourche, avec, en prime, le sigle de la marque sur le jeu de direction.
Ce qui se remarque, surtout, ce sont les pneus Maxxis Rambler 700c x 40 mm montés sur des roues DT Swiss G1800. La bête est incontestablement faite pour quitter le bitume dès que l’occasion se présente. Et il y a de la marge : le cadre accepte jusqu’à 700c x 45 mm ou 650b x 2,1 (on a même vu des 700c x 50 mm montés sur un des vélos de test). Le boîtier du pédalier et les bases courbées favorisent le dégagement du pneu. Pour affronter les chemins caillouteux, Devinci fait assurément plus confiance à la largeur des pneus qu’à une microsuspension quelque part sur le cadre.
Un second coup d’œil précise la chose : certes, le groupe Shimano GRX monoplateau confirme l’usage tout terrain, mais le tube de selle ajustable autorise même une incursion dans des sentiers plus techniques. Après tout, Devinci est aussi connu pour son allégeance au vélo de montagne… Allégeance qui se perçoit également dans la géométrie du cadre, avec un tube supérieur long et une potence courte, offrant ainsi stabilité et manœuvrabilité.
Pour ce qui est des fibres de carbone utilisées, elles sont à module élevé, là où c’est nécessaire d’avoir de la rigidité, dans la partie basse du vélo. Toujours dans l’esprit « je suis conçu pour rouler dans la garnotte », des protections en polyuréthane et un film 3M judicieusement placés protègent le cadre des impacts. Cette identité « gravelle » n’est pas une raison pour se laisser aller, côté fluidité des lignes. Celles-ci sont plutôt épurées, sans aucun élément susceptible de heurter le regard. Le câblage interne est soigné, avec un point d’entrée réussi sur le tube diagonal et, en outre, un accès facile à la mécanique sous le boîtier de pédalier. Les fixations internes servant à accueillir les porte-bidons (trois !) et d’autres accessoires sont discrètes, même au niveau de la clé de l’axe traversant escamotable des roues.
Position équilibrée
Nous nous mettons en selle dans le premier secteur de gravelle du parcours de la Grinduro. Nous sommes chanceux : ce chemin est ouvert seulement pour l’événement. Il s’avère un fabuleux terrain de jeu pour la discipline et, donc, pour le test du Hatchet : des descentes et des montées caillouteuses, quelques virages, en plus de superbes paysages pour le plaisir des yeux.
Dès les premiers tours de roues, la position bien centrée sur le vélo permet un coup de pédale efficace et une bonne stabilité en terrain difficile. La colonne de direction est légèrement plus haute que sur le Hatchet de la première génération. C’est tout à fait justifié sur les chemins de garnotte.
Mains sur les cocottes, je me rends compte assez vite qu’il est assez judicieux de les placer au fond du guidon pour un meilleur contrôle, surtout dans les descentes rapides. Le guidon évasé n’a pas juste les charmes du vintage, il permet un bon positionnement des mains et une latitude au niveau des bras quand le chemin est un peu turbulent. Il est alors plus facile de rester stable, avec les doigts qui peuvent rapidement accéder aux manettes de freins. Dans les sections plus techniques, comme sur les sentiers du centre de vélo de montagne Le Genévrier qui faisaient partie du Grinduro, il suffit de baisser la selle pour être plus à l’aise…
Le Hatchet n’est pas un vélo de route qui s’autorise de rares incursions sur des chemins rocailleux. Il a été pensé pour rouler dans la garnotte et assume parfaitement la chose, et ce, grâce à plusieurs éléments, notamment la dimension de ses pneus, qui donnent plus de confort et de confiance. Ces derniers se contentent de 40 psi pour fonctionner adéquatement et la géométrie du vélo tolère très bien que ce dernier soit chaussé en 700 x 50 mm. Le cycliste devra s’habituer à jouer avec la pression des pneus en fonction du type de terrain. Un montage tubeless donne amplement de marge de manœuvre pour diminuer la pression dans un passage plus technique afin d’obtenir davantage d’adhérence.
Côté transmission, le groupe Shimano SRX fonctionne avec précision, même quand ça brasse. Rien à redire non plus sur les freins à disque hydrauliques de 160 mm.
Offre généreuse
Le Hatchet se décline en 12 versions, en carbone ou en aluminium. Deux options sont possibles, soit 40 ou 32, signifiant une largeur de pneu différente. La première assume clairement sa personnalité « gravelle » : guidon évasé, monoplateau, axes traversants et, surtout, pneus plus larges. La seconde, destinée à la route ou à des chemins moins caillasseux, vient avec des pneus de 32 mm, un système de blocage rapide, un guidon classique, un double plateau et une colonne de direction un poil plus haute. Enfin, trois modèles pour femmes sont aussi proposés.
Le Hatchet est un vélo qui convient parfaitement pour aller jouer dans les chemins de caillasse, dont le Québec est bien pourvu. Il répondra à votre désir de performance sur tout type de terrain. À son guidon, on se sent en confiance et plutôt confortable, prêt à pousser fort sur les pédales. Il répondra d’ailleurs à vos sollicitations. Avec des pneus de tailles différentes (encore mieux, une autre paire de roues), on n’est pas loin de la solution « j’ai un seul vélo qui répond à tous mes besoins ».
On aime
Sa géométrie, sa construction et le choix des composantes parfaitement adaptés à la pratique.
On aime moins
Les lignes un peu moins fluides des modèles en alu