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En test, Vélos et accessoires

Du cousu main pour les sentiers et les routes du Québec

13-06-2018

Presque au sommet de la gamme New Road, nom donné au gravel bike chez Cannondale, notre Slate d’essai est la version Ultegra. Le cadre d’aluminium se décline seulement en quatre tailles. Le triangle avant est de toute évidence d’inspiration VTT: le gros tube diagonal est surmonté d’un tube de direction hypertrophié prêt à supporter les charges de la Lefty. Le triangle arrière est trapu et robuste, et ses bases de section sont hautes mais surtout très larges, laissant supposer beaucoup de rigidité latérale à l’arrière, d’autant plus que les haubans s’élargissent eux aussi au niveau de la roue. Sans surprise avec Cannondale, la qualité de fabrication est impeccable. En ce qui concerne la géométrie, on est à mi-chemin entre le cyclocross et le vélo de route d’endurance, cependant les fondamentaux tels que l’angle de la fourche, l’empattement, la hauteur de la boîte de pédalier tendent davantage vers une géométrie typée route. Le passage des câbles se fait à l’interne pour le cadre, alors que rien n’est prévu sur la fourche: on se contente de fixer le câble de frein à l’aide d’un petit crochet en plastique.

Slate Cannondale

Les composantes du vélo sont à la hauteur du coût du Slate Ultegra. Comme son nom l’indique, la transmission est une Ultegra mécanique de Shimano. Celle-ci n’est pas complète, le pédalier étant remplacé par le fameux Cannondale HollowGram. On y gagne au change car, bien que le pédalier Ultegra soit excellent, le HollowGram est depuis nombre d’années reconnu comme étant un des pédaliers les plus légers et rigides de toute l’industrie. Les plateaux aux dentures 52/36 sont associés à une cassette 11-28. Les freins à disque hydrauliques sont les remarquables Shimano 785. On pige dans le catalogue maison pour le poste de direction et la tige de selle, tous en alu. La selle provient de chez Fabric, un fabricant d’accessoires faisant partie du même groupe que Cannondale.

groupe que Cannondale. Le montage des roues est inusité: pour que le diamètre extérieur des roues du Slate soit comparable à celui d’une roue de vélo de route (700c x 23c), Cannondale recourt ici à des jantes Mavic XM 419 en version 650b, donc au diamètre réduit compensant la hauteur des gros pneus, dans l’espoir que le cycliste aura des sensations similaires à celles que procure l’utilisation de roues de route. Les jantes sont compatibles tubeless, mais le vélo est livré avec pneus ordinaires et chambres à air.

Fourche Slate

La grande particularité du Slate est sa fourche monobranche à suspension Lefty, ici en version Oliver Carbon spécialement développée pour le Slate. Les conditions de route qu’aura à affronter le Slate étant réputées moins sévères qu’en vélo de montagne, on a allégé les composantes et diminué le débattement, passant de plus de 100 mm en version montagne à seulement 30 mm. La vitesse d’amortissement (détente) est réglable, et il est possible de bloquer l’amortissement par un simple bouton.

Slate arrière

Sur le bitume… et dans la garnotte

Les premiers tours de roue suscitent un brin d’appréhension, car la vue d’un seul bras de fourche, celui de gauche, laisse supposer un comportement particulier de la roue avant. Il n’en est rien, la roue avant se comportant de façon tout à fait classique. La fourche est extrêmement rigide et ne permet aucun mouvement inhabituel de la roue. La position du conducteur est similaire à celle adoptée sur un vélo de route de type endurance, le guidon étant légèrement surélevé. Parlant guidon, celui-ci, de format compact, offre une prise en main fort confortable dans toutes les positions. La qualité de la guidoline est aussi à souligner: faite d’un matériau imperméable doublé de silicone, le confort et l’adhérence sont parfaits.

Sur le bitume, on se sent sur un vélo de route. Seul le bruit des gros pneus vient nous rappeler que si l’envie nous prend de bifurquer sur une route de gravier, on n’a pas à hésiter. Le confort de roulement est tout simplement exceptionnel, en grande partie grâce à la fourche. Les fentes, enfoncements et bosses de la route s’estompent. Rouler dans les trous devient presque un jeu. Sur routes de terre ou de gravier, on arrive au même constat.

C’est surtout dans les descentes cahoteuses que le vélo se démarque: on peut y aller à fond de train sans trop s’en faire avec la trajectoire, car la Lefty s’occupe de presque tous les pièges. Malgré ses 9,81 kg (pesé, sans pédales) et la rigidité apparente du cadre, le vélo répond instantanément aux accélérations et aux changements de rythme sans qu’on ait à déployer toute sa puissance pour obtenir une réponse. Même constat en montée, où on ne subit pas le vélo en grimpant à cadence normale; lorsqu’on se met en danseuse, on perçoit les mouvements d’amortissement de la fourche et on doit dire que c’est singulièrement agréable, comme si ce léger rebond aidait à monter. Pareillement en accélération, mains au bas du guidon, où l’amortissement vient s’assurer que le pneu reste en contact avec le sol même quand on tire très fort. Ces mouvements de fourche sont si bien contrôlés que le blocage d’amortissement n’a presque pas servi. En jouant avec le réglage de la vitesse de détente (facile, une molette sur la fourche qu’on est en mesure de tourner en roulant), on a remarqué qu’il n’y a pas une grosse différence entre le maximum et le minimum…

Coup de cœur pour la direction en raison de son parfait équilibre entre stabilité et précision. Le vélo vire facilement, sans lourdeur et en restant très stable.

En présentant un gravel bike équipé d’une fourche à suspension bien adaptée, Cannondale acquiert le mérite d’une solution qui se démarque par rapport à la concurrence. Qui plus est, sa fourche Lefty est particulièrement plaisante à utiliser sur le bitume, ajoutant un confort inédit à un vélo de route en outre des qualités évidentes d’une fourche suspendue en sentier.
 

On aime
• La suspension Lefty
• La direction impeccable
• Le confort fabuleux

On aime moins
• Les tailles limitées à quatre
• Les pneus sensibles aux crevaisons

cannondale.com

L’utilisation de roues de montagne au diamètre d’une roue de vélo de route est une autre idée propre à séduire les routiers qui ne détestent pas faire un peu de garnotte de temps en temps. Le Slate étant capable d’aller vite sur route, ceux-ci n’auront pas de difficulté à suivre le peloton: ils posséderont l’avantage de n’avoir pas trop à se soucier de l’état de la chaussée! Bref, le vélo parfait pour rouler au Québec. On se permet d’ailleurs de suggérer à Cannondale, une propriété de la compagnie Dorel basée à Montréal, de penser sur son site internet à sa clientèle canadienne-française, le site de Cannondale France n’ayant pas tous les modèles offerts ici…
 

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