Peu de marques de vélos peuvent se vanter d’avoir une histoire aussi riche que celle de Look. La compagnie française a été la première à mettre en marché des pédales automatiques en plus d’être une pionnière dans la fabrication de cadre en matériaux composites.
La victoire de Greg LeMond au Tour de France 1986 à bord d’un Look en fibres de carbone a marqué le premier des nombreux coups d’éclat de l’entreprise, propulsée par de constantes innovations tirant avantage des technologies de pointe. On reconnaît également à l’entreprise une audace typiquement française dans l’élaboration de concepts parfois un brin trop novateurs pour son époque, notamment sur le plan de l’intégration de la fourche, de la potence, de la tige de selle ou du pédalier au design de ses cadres.
Le 765 est un des modèles les plus abordables de l’histoire de la marque. Il veut attirer l’attention d’une clientèle cyclosportive à la recherche d’un vélo racé au pilotage modéré. Look annonce ouvertement que la fabrication du 765 est réalisée à Taïwan mais prend grande fierté d’en faire la finition, le contrôle de qualité et l’assemblage dans son usine française.
ADN de coursier
Le 765 profite de l’ADN de pur coursier du haut de gamme 695, dilué d’un ton dans le but de rendre le vélo plus accessible tant en matière de comportement que de prix. Le design du 765 est de facture classique par rapport aux tendances actuelles : formes linéaires et profil carré des tubes. L’esthétique du vélo, irréprochable, lui confère une prestance alignée sur l’image de la marque : le vélo fait tourner les têtes et paraît beaucoup plus prestigieux que les 4000 $ qu’il commande.
Le 765 se démarque aussi par sa fabrication, qui incorpore des fibres naturelles de lin à même les couches usuelles de carbone. Selon Look, le lin a, par rapport à la fibre de carbone, une capacité d’amortissement sept fois supérieure tout en lui étant techniquement compatible, ce qui permet aux concepteurs de réaliser un tel cadre sans devoir faire de compromis structuraux. Le lin étant plus lourd, son utilisation est limitée aux endroits stratégiques, en l’occurrence les bases et les fourreaux de fourche, sur les surfaces intérieures desquels Look a pris soin d’ajouter des empiècements apparents ; cela non seulement amplifie l’effet d’amortissement mais prouve leur présence !
La géométrie du 765 engendre un poste de pilotage raccourci de 10 mm et abaissé de 20 mm par rapport à la géométrie typique de course de la marque. Le concept de douille de direction élevée permet de limiter sous la potence le nombre de bagues d’espacement nécessaires à une position classique de guidon. Les cinq tailles suivent une progression linéaire : il y a un gain de 24 mm de hauteur et de 10 mm de longueur entre chacune d’elles. Avec ce cockpit compact et ayant décidé de garder l’arrière du vélo très court, Look n’avait d’autre choix que de relâcher l’angle de direction à 72o afin d’assurer une certaine stabilité au vélo. Cette configuration résulte en un empattement dans la moyenne, or également en une importante chasse de 65 mm qui donne à la direction du vélo un comportement bien particulier.
Question d’afficher en boutique un prix compétitif, Look a doté son 765 de périphériques FSA d’entrée de gamme et de roues Mavic Aksium fiables quoique lourdes. L’excellente qualité du cadre justifie par contre que l’acheteur sérieux considère mettre à niveau les roues, la tige de selle et la selle, histoire de tirer pleinement parti du vélo.
Absorption et rétroaction dynamique
Sur la route, le Look avale les kilomètres tout en souplesse et fluidité. Difficile de départager le rôle du lin de celui d’une fabrication et d’un design soignés, cependant ça fonctionne. Le confort du vélo est appréciable tant dans l’absorption des vibrations que dans celle des chocs importants. Lorsque sollicité, ce Look à la rigidité plus que suffisante pour provoquer des accélérations vives laisse une relative souplesse qui assure une rétroaction dynamique des efforts de pédalage.
Muni des roues Mavic, le Look est très stable, mais sa direction plutôt lourdaude. Nous avons par contre passé la majorité de nos heures en selle sur des roues Blade Carbon de 50 mm, beaucoup plus dignes de la nature du vélo que les modestes Mavic. Les roues légères, combinées à la chasse importante du vélo, ont pour effet de dynamiser considérablement la direction à basse vitesse, le vélo tenant bien la ligne malgré que le guidon ait une propension à louvoyer légèrement ; à haute vitesse, le vélo devient très stable et la direction, prévisible et précise. Nous avons d’ailleurs pris un malin plaisir à pousser la note jusqu’à utiliser le 765 lors de quelques courses où les virages s’enchaînaient sans répit.
Lorsqu’il faut harceler nos testeurs pour récupérer un vélo, c’est signe qu’on a un grand cru sous la main. Look vise juste avec son 765 qui a été un coup de cœur pour l’ensemble de notre équipe. Le vélo est confortable, facile à piloter, rapide et, disons-le, très racé, bref, le vélo parfait pour ceux et celles qui ont l’âme d’un coursier sans nécessairement en avoir les mollets.
Confort 4,5
Réactivité 3,5
Agilité 3
Stabilité 3,5
On aime
Confort
Rapidité
Look racé
On aime moins
Les roues qui ne sont pas à la hauteur