Ça fait dix ans que je vous éclaire pour vous aider à choisir votre nouvelle monture. Mon travail est de scruter minutieusement tout ce qui se passe dans le fabuleux monde du vélo de montagne. Je dois vous avouer une chose: c’est surtout ma passion. Et durant toutes ces années, une question m’a souvent été posée: quel est mon propre vélo?
Tout d’abord, les formalités: je ne suis pas relié au monde du vélo autrement que par ma collaboration comme expert technique à Vélo Mag, ce qui fait de moi un client ordinaire qui magasine son vélo avec passion et curiosité, tout en étant bien conscient du prix qui l’attend à la caisse! Déformation professionnelle oblige, avant d’acheter, ma casquette d’ingénieur m’incite à analyser la machine sous tous ses angles, et j’ai des attentes précises sur son comportement, le rendement des composantes et même l’esthétique!
Je m’impose le même raisonnement que ce que je demande à quelqu’un qui veut un conseil pour son prochain vélo: sur quel type de terrain vais-je rouler la plupart du temps, quelles sont mes attentes, quel est mon budget? Je roule essentiellement en sentier, j’aime autant le flow que les secteurs très techniques. Je profite de toutes les occasions pour sauter, j’affectionne les drops et les passages qui demandent de la précision et de l’équilibre, et je recherche un vélo qui demeure stable et précis dans les virages. Je suis moins un adepte des passages à tombeau ouvert, je pilote plutôt en finesse et je choisis des lignes créatives
Ah oui, vous vouliez connaître mon vélo: mon choix s’arrête sur le dernier-né de la marque Yeti, le SB130 (comme dans Super Bike 130 mm), et j’y vais sans compromis côté assemblage, avec la version XX1 et les roues en carbone.
Géométrie soignée et suspension dynamique
Mis à part le choix ambitieux des composantes, deux caractéristiques distinguent ce vélo: la géométrie et le système de suspension. Yeti a innové en proposant des angles dans le triangle avant, ce qui était jusqu’ici réservé aux vélos destinés à la descente. L’angle de direction de 65,5 degrés, couplé à l’angle du tube de selle à 77 degrés et à un tube horizontal assez court (602 mm), permet une portée horizontale – la distance entre le centre du pédalier et le centre du tube de direction – de 460mm, une combinaison jamais vue encore sur un vélo de la famille trail. La géométrie du triangle avant permet d’avoir des bases arrière très courtes, tout en incorporant des roues de 29 po. Pour compenser le faible angle de direction qui a tendance à rendre le vélo un peu pataud à basse vitesse, Yeti a opté pour une fourche munie d’un déport de fourche de 44 mm (versus 51 mm).
Les ingénieurs de Yeti ont optimisé la configuration de leur plateforme de suspension Switch Infinity afin de procurer un bon soutien au milieu de la suspension tout en offrant une bonne souplesse à sa base. Aussi, l’ajout d’un wishbone entre l’amortisseur et la bielle rend possible l’addition d’un porte-bidon à l’intérieur du triangle avant, ce qui était impossible sur un Yeti précédent.
La première fois que j’ai enfourché mon SB130, un constat s’est imposé: le vélo semble trop court, malgré la portée plus longue que celle de tous les vélos que j’ai eu la chance de tester. Je sors ma règle. Le cadre est bel et bien de taille moyenne. Cette sensation d’une monture plus courte est réelle et s’explique par un tube supérieur assez court et un angle de tube de selle très élevé. En position assise, on se retrouve bien centré entre les deux roues et moins étiré que sur un vélo avec une portée semblable et un tube supérieur plus long, offrant une traction optimale en montée, sans devoir trop travailler pour garder la roue avant bien plantée. En contrepartie, la longue portée procure amplement de dégagement en position debout.
je suis comblé de la capacité du vélo à grimper les sections raides avec facilité, dans la mesure où les jambes sont capables de pousser! L’autre constat étonnant est la maniabilité du vélo à basse vitesse et la facilité à naviguer dans les passages serrés. À mesure que la pente change de direction et que je prends un peu de vitesse, je constate qu’il est facile de pomper le vélo sur les variations de terrain afin de gagner de la vitesse. La suspension offre un bon soutien et le vélo est dynamique, me permettant de sauter par-dessus roches et racines tout en enchaînant les petits virages. Wow, j’ai le sentiment de rouler sur un BMX. En même temps que la vitesse et le rayon de courbure augmentent, le SB130 se révèle très stable et donne un sentiment de sécurité, ce qui est contre-intuitif par rapport aux impressions à basse vitesse.
J’explique ces facteurs par le fait qu’il est facile de bien positionner son centre de masse sur le vélo, en montée comme en descente, ainsi que par les caractéristiques géométriques du cadre. Selon moi, Yeti a réussi un tour de force en matière de design. Ce que je constate aussi, c’est la souplesse de la suspension au pédalage, amortissant les imperfections du terrain et procurant une traction quasi parfaite sans compromettre l’efficacité de pédalage.
Composantes grand luxe
Côté composantes, difficile de faire mieux avec le groupe XX1, qui assure un changement de vitesses sans faille et l’assurance d’une bonne durabilité (avec le look Gold en option). Les freins Guide Ultimate offrent une excellente modulation et suffisamment de puissance pour le SB130. Les roues DT Swiss XMC 1200 sont légères et rigides, permettant des relances explosives et un pilotage précis. Enfin, les composantes de suspension Fox Factory (avec le revêtement Kashima Gold) sont simples à ajuster et participent à la fluidité de la suspension.
En conclusion, je qualifie mon SB130 de vélo de rêve. Il répond à toutes mes attentes et continue de me surprendre dès que je découvre un nouveau terrain de jeu. Je ne regrette pas mon choix!