Lorsqu’il ne roule pas, le cycliste québécois scrute les prévisions météorologiques, à l’affût des caprices futurs de dame Nature. Le vent, la pluie et la chaleur n’ont plus de secrets pour lui, prétend-il d’ailleurs. Vraiment?
Avec ses vastes terrains clairsemés propices au décollage et à l’atterrissage d’avions, un aéroport est un environnement bien hostile pour rouler. C’est pourtant là qu’Environnement et Changement climatique Canada installe la majorité de ses stations météorologiques de récolte des données qui lui serviront ensuite à établir ses prévisions – y compris celles relatives au vent. «Nous recourons à un anémomètre pour calculer la vitesse et la direction du vent. Nos observations sont réalisées à 2 m du sol», détaille Alexandre Parent, météorologue chez Environnement et Changement climatique Canada.
Bien que fiables, les mesures effectuées à ces sites ne doivent pas être généralisées. C’est ce qui explique pourquoi il arrive que le vent souffle à une moyenne de 30 km/h à l’aéroport international Jean-Lesage de Québec mais soit considérablement plus faible ailleurs autour de la capitale nationale. «Plusieurs facteurs locaux comme le profil topographique, la configuration du paysage et la circulation des masses d’air en influencent l’intensité», souligne l’expert. Le discours est identique en ce qui concerne les rafales, qui sont calculées à partir de la moyenne horaire des pointes les plus élevées de vent recensées
Afin de profiter de conditions de vent favorables à la pratique du sport cycliste, il faut rouler tôt le matin ou tard le soir, lorsque souffle une brise légère. Le pire moment? En milieu de journée, quand l’astre céleste darde ses rayons sur la surface de la Terre. «Dès le début de la journée, les rayons du soleil chauffent le sol. L’air nouvellement réchauffé s’élève en altitude, puis se mélange à celui plus froid qui s’y trouve», analyse Alexandre Parent. Résultat: de l’instabilité, synonyme de vents vigoureux – et de cuisses musclées.
Mon modèle est meilleur que le tien
Malheureusement, votre source favorite de prévisions météorologiques prédit que ce sera la flotte la fin de semaine prochaine. Vous décidez donc, à contrecœur, de vous attaquer à la pile de corvées qui ne cessent de s’accumuler. Or, une fois le week-end entamé, la prévision ne se concrétise pas. Au contraire, de timides mais bien réels rayons de soleil se montrent le bout du nez, comme pour vous narguer alors que vous faites du ménage.
Que celui qui n’a jamais vécu ce scénario météo lève la main. Selon Alexandre Parent, on ne devrait jamais organiser ses randonnées cyclistes en se fiant à un seul et unique modèle. «Le truc est de multiplier les sources, puis de croiser les prévisions. Si elles correspondent toutes, on peut dès lors conclure que le degré de confiance est élevé et planifier en conséquence. Sinon, on reste à l’affût», conseille-t-il.
Bon à savoir: plus les quantités de précipitations prévues sont abondantes, plus un système est organisé, et vice versa. Traduction: un millimètre de pluie devrait bien moins vous énerver que vingt. «En règle générale, les probabilités de précipitations sont proportionnelles à la quantité de précipitations annoncées. Seuls les orages, par définition soudains et locaux, échappent à cette règle», nuance-t-il.
Température contre indice
S’il fait 28°C et que l’humidex est de 35°C, fait-il plus chaud? Non, affirme Alexandre Parent. «L’humidex est un indice de la chaleur ressentie par le corps humain, pas une température. Il prend en compte les effets combinés de la chaleur et de l’humidité dans son calcul», souligne-t-il. Pour le cycliste, l’humidex est surtout une indication fiable du degré de stress thermique qu’il subira lors de sa randonnée. Plus la mesure est élevée, plus sa transpiration sera inefficace pour évacuer la chaleur excédentaire, l’air étant déjà saturé d’eau. Le niveau de fatigue perçu s’en trouvera proportionnellement plus élevé.
Attention: le calcul de l’humidex exclut l’effet du rayonnement thermique du soleil qui, cependant, influence grandement la sensation de chaleur ressentie. Une bonne raison de sortir son vélo de montagne et de profiter du couvert forestier en sentiers.